Mad Max 2 est probablement le meilleur épisode parmi les 3 premiers films (à discuter vis-à-vis du 4). Moins fauché que le premier, il est beaucoup moins ridicule que le 3e, et s’avère un excellent divertissement. Ce qui séduit c’est d’abord l’efficacité de l’histoire. Simple, elle n’en est pour autant pas simpliste, et s’avère traversé de vrais moments de drames, d’émotion, de doute, et même, d’une touche d’humour parcimonieuse mais plaisante. Par ailleurs rythmée et pleine de rebondissements et de violence, elle est sans temps mort et le film avance au pas de course jusqu’au final explosif. Là où dans le 3 Miller se prend les pieds dans une histoire absconse et bouffonne, ici il fait simple et efficace, recette qu’il retrouvera avec succès dans le 4.
Le casting est bon. Mel Gibson impose son personnage sans difficulté. Il ne manque pas de charisme, son héros est complexe, avec des faiblesses, des défauts, mais aussi des qualités et une capacité à évoluer. Autour de lui un Bruce Spence qui arrive assez bien à éviter la caricature du sidekick comique qu’il aurait pu être. En méchant, on appréciera Vernon Wells, un méchant iconique de cette époque en surjeu total mais pour notre plus grand plaisir. On peut même dire que l’enfant sauvage du film est crédible et très loin de la bande à Peter Pan insupportable du trois.
Visuellement, malgré son budget ric rac le film est très efficace. Les décors post-apo fonctionnent bien, et le réalisateur a l’intelligence de choisir un cadre huis-clos dans un désert pour diminuer les coûts. Il a rabattu le budget sur les effets pyrotechniques et les véhicules customisés, et c’était le bon choix. Porté par une réalisation nerveuse, le film propose des scènes d’action prenantes et violentes, en particulier un superbe final. Il y a peut-être quelques choix un peu hasardeux dans la mise en scène, en particulier des accélérations Bennie Hill d’un goût douteux et pas vraiment justifiées, et un passage un peu psychédélique avec le méchant sur une montagne qui frôle le grotesque. Mais cela reste à l’échelle du détail, car dans l’ensemble ce Mad Max 2 est une vraie bonne tranche de divertissement musclé et radicale. Avec un budget très faible, Miller offre un métrage imposant qui s’évite la nanardise ordinaire du genre post-apo grâce à une réelle efficacité des scènes d’action, un rythme prenant, et surtout, une réelle émotion qui passe dans le film. Le métrage s’appuie clairement sur son jusqu’au-boutisme violent et parfois cruel pour nous dépeindre un monde post-apo crédible, et c’est là tout ce qui manque justement à l’épisode 3 qui tombe dans la bouffonnerie totale et ne nous permet plus de croire à l’après-fin du monde. Ici, les touches d’humour relèvent de l’espoir, et c’est très différent. 4.5