The Road Warrior est à la fois une suite, évidemment, mais aussi une mise à jour de l’épisode précédent. On ne connaissait pas le contexte historique et local dans Mad Max 1, ici, au tout début, Mad Max 2 répond à ça, ce qui veut dire à coup sûr que l’univers peut être étendu sur toute la planète, les catastrophes et les conflits se déroulant partout. Aussi, on rappelle la mort de la famille de Max. Car oui, le pauvre Max, il ne peut plus faire la vidange. Dans le sens propre par rapport au manque de pétrole, et au sens figuré car il a perdu sa femme (J’ai besoin de vous faire un dessin ?). Max va se promener gentiment, et tombera sur une espèce de grande tige loufoque qui deviendra son compagnon de route, lui laissant les restes de la nourriture pour chien qu’il déguste avec très grand plaisir. Ce dernier va lui faire découvrir la forteresse pétrolière, protégée par des individus faisant clairement penser à une secte, avec leurs habits fashion et le petit enfant rappelant Tarzan.
Ce film suit une trame d'un western, déjà un petit peu présente dans Mad Max 1, mais ici, c’est beaucoup plus flagrant. Déjà, parce qu’un groupe de personnes exploite une réserve de pétrole indépendamment, ce qui attire la convoitise de voyous qui ont un look encore plus improbable que ceux du premier film. Bon alors les costumes sont aussi un truc marquant de Mad Max, je veux bien, mais là, c’est vraiment une réunion cosplays/SM. Entre l’hirokwai, le suèdois musclé, … y’a de quoi faire un joli Carnaval. Une chose qui est intéressante, c'est que la notion de méchant et de gentil est relative. On se met du point de vue du héros, certes, mais c’est une guerre. Chaque clan défend ses intérêts, les uns parce qu’ils possèdent la ressource rare, les autres parce qu’ils veulent l’avoir aussi en sachant qu’ils sont dérangés mentalement, les uns et les autres n’hésiterons pas à agir comme des bêtes. Car la réalité est que personne n’agit louablement (même les gosses sont obligés de se battre), les loubards sont réussis et très bien écrits, et ce de façon intelligente car George Miller ne développe pas monstrueusement le comment du pourquoi de la psychologie de ces êtres avec leur volonté unilatérale. Ce sont des brutes dans un monde brutes anarchique, ils sont totalement en concordance avec l’univers. Autre marque du western, Max fait office de sauveur, de CowBoy, en ajoutant la course-poursuite de fin. C'est un CowBoy, ou un samouraï, au choix.
La communauté doit partir de sa raffinerie, en déplaçant la citerne qui contient tout le pétrole stocké, à cause des pillards mené par le Seigneur Humungus qui veut bien évidemment s’accaparer cette ressource, et ce sympathique monsieur deviendra le nemesis de Max. Sauf que, ils n’ont pas les moyens de s’en aller avec la citerne, et c’est là que Max vient proposer son aide pour trouver un camion pouvant déplacer cette citerne. Et les péripéties arrivent, le fil conducteur tournant autour de cette fuite du groupe et de Max, ce qui va amener, comme dans tous les Mad Max, la course poursuite de fin. Et bon sang, quelle fin ! Spectaculaire à souhait ! Des course-poursuites comme savaient le faire les australiens dans leurs long-métrages « Ozploitation », des œuvres vicérales dont Mad Max 2 est un des dignes représentants.
On montre que l’humanité (en tout cas, dans ce coin de l’Australie) dégraisse, psychologiquement, à l’image des transports qui diminuent, l’ambition, l’avenir, tout cela devient flou, peu d’objectifs à l'horizon (on est dans un désert, donc c'est plus que symbolique). L’univers post-apocalyptique est très bien présenté, on remet en cause la modernité, ou le pétrole en est un pionnier, un symbole. On a une digression de la civilisation, qui avait certainement atteint son apogée (trop tôt ?), remise en cause dès l’époque de l’urbanisation qui est directement lié à l’exploitation du pétrole.
Vous l’avez compris, toute l’ambiance du film est tout bonnement incroyable, c’est extrêmement difficile de ne pas être pris dans l’histoire, on ne peut que s’intéresser à l’enchaînement des événements, on a hâte de savoir si la bande va réussir son challenge ! On ressent même la tension des personnages, avec la chaleur désertique qui nous ferait autant transpirer qu’eux, à l’image du mec avec l’irokoi qui regarde le spectateur comme s’il allait sortir de l’écran pour venir te buter. Retransmettre autant de choses à travers un film, ce n’est pas donné à tout cinéaste !
Le film a un rythme constant, peu de pauses à partir de l’arrivée de Max, pas le temps de souffler, à l’image de l’histoire qui est une course contre la montre. Peu de dialogues de Max, beaucoup du grand larron. Presque tout est compréhensible par le visuel, l’objectif est d’agir, Miller utilise un procédé qu'il aime, que dis-je, qu'il adore, le langage universel ! Si tu ne bouges pas, tu crèves, paradoxal vu le contexte, par rapport à l’idée du mouvement. C’est la Loi du plus fort, de la jungle, tu ne t’en sors que si tu es plus rapide, plus fort. Ceci est dû à la sauvagerie et au chaos mené par le gang. Les cascades permettent aussi de rendre crédible cette apothéose de chutes et d’accidents, pour preuve, lors de la chute du camion, un cascadeur était dedans.
Mad Max 2 est un exemple pur et dur du film d’action intelligent. Le scénario y est plus élaboré que le 1, même s’il suit la masse d’histoire reprenant la trame du héros universel, tel que le décrit Joseph Campbell (le héros aux 1000 visages) ; la réalisation est réussie, les travellings sont magnifiques et suivent parfaitement, comme dans Mad Max 1, les personnages quand ils sont « piétons » et quand ils conduisent. Par contre, il y a plusieurs fois ou il y a des plans accélérés qui n’apportent pas de touche utile au film, à part ne pas montrer trop longtemps les petits défauts visuels lors du montage. Grande musique encore une fois de Brian May. Une nouvelle fois, les acteurs restent dans leur fonction, pas de dialogues profonds, tout le monde est fou, et tout le monde est crédiblement fou. Tout ceci fait de Mad Max 2 est une œuvre complète.
Tu donnes une allumette et une punaise à George Miller, il t’en fait une œuvre d’art, ça s’appelle le talent !