"Mad Max 2" fait partie de ces films qui font mentir la règle un peu bébête (mais malheureusement, souvent vérifiée) selon laquelle une suite ne peut pas être meilleure que l’original. Il faut dire que George Miller, qui rempile sur le siège du metteur en scène, a disposé d’un budget bien plus conséquent et, surtout, bien plus en phase avec l’univers post-apocalyptique qu’il avait en tête. Exit, donc, ce monde un peu hybride avec une civilisation encore très présente… place à un désert de sable ayant recouvert les restes d’une société détruite par la folie des hommes. L’augmentation de l’enveloppe accordée à Miller n’est pas, pour autant, venue altérer l’essence de la saga. "Mad Max 2" s’inscrit, ainsi, dans une véritable continuité et vient transcender chaque composante du précédent film. Ainsi, outre un décor bien plus chiadé (le désert mais, également, la fameuse raffinerie sous forme d’îlot de civilisation primaire), on a droit à une lise en scène mieux découpée, à une photo bien plus léchée, à des plans fantastiques, à des véhicules plus funs (dont le fameux V8 Interceptor de Max), à de méchants au look encore plus invraisemblable (on retiendra, notamment, le psychopathe Wez et le mystérieux Seigneur Humungus dont on ne voit jamais le visage) et à des personnages secondaires complètement barrés (voir, entre autres le pilote fou joué par Bruce Spence ou encore le gamin sauvage qui parvient à émouvoir). On en oublierait presque que le scénario proposé reste assez léger (constat qui vaut pour tous les opus) même s’il peut se targuer d’une certaine cohérence et d’une montée en puissance (ce qu ne sera pas le cas, par exemple, du troisième épisode). L’univers proposé est, donc, instantanément plus riche que celui de son prédécesseur… qui avait, tout de même, posé de solides bases qui ne demandaient qu’à être exploités. Cette richesse profite, également, au héros puisque ce brave Max est, une nouvelle fois, soumis à rude épreuve et se montre sous un jour génialement (anti)héroïque. Car le personnage est, avant tout, un homme solitaire et cynique qui ne perd jamais son intérêt de vue
(il acceptera d’aider la communauté contre de l’essence devenue si rare)
… même s’il laisse entrevoir quelques failles bien plus humaines. Et c’est bien ce côté "bad ass mais pas trop" de Max qui fait sa richesse (ainsi que sa capacité à se mettre dans des situations compliquées), avec son look so cool (ah le cuir souillé de poussière qui fait tellement écho aux westerns dont le film se veut l’héritier !). Mais le personnage n’aurait pas un tel aura sans la prestation époustouflante de charisme de Mel Gibson, qui l'iconise définitivement et confirme son statut d’acteur "physique". Il porte, une fois de plus, le film sur ses épaules et permet de faire oublier que le reste du casting est composé d’inconnus… Enfin, "Mad Max 2" nous réserve quelques cascades assez ahurissantes, qui, à l’heure du tout numérique, rappellent que rien ne vaut le "fait main" en la matière. Les séquences de poursuites sont, ainsi, non seulement impressionnantes mais, surtout, vraiment immersives puisque le spectateur a la satisfaction de se dire que ce qu’il voit à l’écran a vraiment été réalisé, sans qu’un ordinateur n’ait eu son mot à dire. Ce côté "100% naturel" constitue, aujourd’hui, la plus-value non négligeable du film qui s’avère être, de surcroît, le meilleur épisode de la saga, définitivement plus viscérale que cérébrale (ce qui n’est pas forcément un défaut). La suite ne viendra pas lui rendre hommage…