Valérie Donzelli, qui signe ici son troisième film en qualité de réalisatrice, continue son exploration des rapports amoureux, tout en affinant son propre style. Après 'La Reine des Pommes' (2010), qui traitait de séparation avec une intelligence comique saluée par la critique, et 'La Guerre est déclarée' (2011), poignant combat d'une famille pour son enfant, elle parle ici de l'amour dans ses différents visages - frère- soeur dans une approche parfois ambiguë, tendresse amicale, amour fantasmé et sortilège amoureux - et compose une fable sur l'attirance, sur l'apprentissage de l'autre, puis sur la séparation. De quoi procède l'attirance entre deux personnes ? Qu'est-ce qui fait qu'on se lit à un être au point de ne plus pouvoir s'en séparer, fût-ce parfois au prix du sacrifice de soi ? Et comme il est difficile de se séparer quand on a vécu des choses ensemble... Telles sont les questions que le film met en images, sans jamais basculer de la comédie vers un cinéma philosophique.
C'est presque plus à la manière d'une directrice de ballet que Valérie Donzelli filme 'Main dans la main', orchestrant la relation très chorégraphiée de ses deux protagonistes, et que les prestigieux décors de l'opéra Garnier mettent en abîme. Se jouant avec une allégresse consommée des personnages et des situations, elle fait à nouveau preuve de cet humour ludique qui avait contribué à la réussite de la Reine des pommes, tout en mettant en place d'intéressants jeux de miroirs. La réalisatrice, également scénariste avec Jérémie Elkaïm - un complice désormais régulier -, a écrit le film en pensant à Valérie Lemercier. Valérie Donzelli confie volontiers qu'elle a voulu donner une autre dimension à la comédienne : de fait, elle lui impose une certaine distance avec les rôles comiques dans lesquels elle se trouve confinée, et sait la montrer touchante, fragile... ; drôle bien entendu, mais pas à la manière d'un personnage de farce.
A considérer l'audace de son sujet et le sérieux enfantin de sa mise en scène, on en oublierait presque les maladresses d'écriture, les personnages secondaires parfois en creux, voire quasiment inutiles ; on oublierait presque aussi que le film, qui a failli s'intituler 'Inséparables', souffre d'un titre qui ne lui va pas vraiment.