Un film dès le départ intéressant du fait qu'il s’intéresse à la psychologie de Victor Frankenstein, Paul McGuigan choisit une approche du mythe très innovante. La bande annonce le clamait clairement, "découvrez l'histoire du monstre... et de sa création", ce qui place Victor comme étant le véritable monstre de l'histoire. Enfin un peu de nouveauté! Le film conte les mésaventures de Victor, archétype du savant fou qui ne rêve que d'une chose: créer la vie. Il va entraîner Igor, un bossu au grand cœur, dans sa sinistre entreprise, défiant l'éthique et la société du XIXème... Verdict: un film plaisant à regarder, malgré quelques failles importantes. Pour commencer, la promesse est tenue, le personnage de Victor est très bien développé, à la fois attachant et terrifiant. C'est un personnage dont on peut comprendre les motivations et qui suscite une pointe d'affection chez le spectateur.
Au niveau de la mise en scène, McGuigan a un style très imagé, c'est à dire qu'on a des scènes où des schémas scientifiques vont se superposer à l'image,
par exemple durant une scène dans un zoo, Victor va regarder un lion et on va voir apparaître par dessus le lion un schéma de ses organes, de son squelette...
c'est très ingénieux, cela permet de souligner explicitement les connaissances du personnage.
Le Londres du XIXème est magnifique, très lumineux. On se retrouve avec des personnages sombres qui évoluent dans une ville très claire. L'histoire est racontée du point de vue d'Igor, joué par Daniel Radcliffe. Ce personnage est aussi intéressant, la relation unissant Victor et Igor est intense. On le doit aussi aux performances des acteurs qui sont au sommet de leur forme. James McAvoy est un très bon acteur au jeu débordant de réalisme. Même dans son regard il arrive à retranscrire des émotions très fortes.
Hélas, le film n'est évidemment pas parfait. McGuigan se concentre sur le développement des deux personnages principaux et néglige les personnages secondaires qui sombrent dans le stéréotypes,
de la "trapéziste sexy pour introduire la romance bidon" au "riche qui veut encore plus de pouvoir", en passant par le "flic catho qui s'oppose aux idéaux de Victor"
. Le monstre a quant à lui un rôle important dans la quête intérieur de Victor,
il ne prend d'ailleurs forme qu'à la fin du film, et seulement pour faire réfléchir Victor sur son objectif.
En soit, cela n'est pas dérangeant, le film n'étant pas consacré au monstre mais au créateur.
Pour conclure, Docteur Frankenstein, c'est du bon divertissement. La mise en scène judicieuse et les deux personnages principaux (tant au niveau du développement que du jeu d'acteur) sont de qualité apparente, la musique est bien ancrée dans l'action sans être véritablement marquante et comporte quelques similitudes avec celle de L'Incroyable Hulk du même compositeur, Craig Armstrong. Malgré ses personnages secondaires sous développés et une intrigue que l'on pourrait qualifier de classique, je vous conseille de regarder Docteur Frankenstein, vous passerez un bon moment, amateur ou non du Prométhée moderne.