Ces trois étoiles peuvent paraître bien indulgentes (et elles le sont, sans doute), d'autant que d'ici quelques semaines j'aurais probablement tout oublié de ce « Docteur Frankenstein ». Cela dit, étant un grand passionné du mythe et connaissant de nombreuses versions de celui-ci au cinéma, je trouve que celle-ci ne démérite pas. D'abord, le recul pris face à l'œuvre originelle et aux autres titres antérieurs permet au film de tracer son chemin sans génie et avec quelques fautes de goût, mais en gardant suffisamment de cohérence et de dynamisme pour ne jamais nous perdre en chemin. De plus, le résultat parvient un minimum à s'ancrer dans une époque (le XIXème siècle) tout en restant relativement moderne sur la forme, notamment dans ses allures de série B, que ce soit dans ses décors ou ses effets spéciaux, à l'image d'un final un peu grandiloquent mais faisant tout de même son petit effet. Il y a une forme de tension, d'angoisse plus ou moins sourde offrant au film une légère personnalité, notamment dans la relation unissant nos deux héros (Daniel Radcliffe s'avérant au passage nettement plus convaincant que James McAvoy, surjouant souvent le créateur obsessionnel). Après, on ne peut pas dire que l'œuvre renouvelle réellement le mythe, en tout cas de façon conséquente : les questions et enjeux restent les mêmes (ce qui n'est pas forcément un défaut), l'intrigue sentimentale, aussi sympathique soit-elle, n'apportant pas grand-chose au récit. Surtout, lorsque j'y repense, difficile de s'accrocher à quelque chose de vraiment concret tant « Docteur Frankenstein » laisse une trace quasi-invisible dans notre mémoire à peine le générique de fin terminé. La faute peut-être à une absence de choix radicaux dans la forme, à moins que Paul McGuigan ne soit tout simplement pas parvenu à s'émanciper autant qu'il ne l'aurait souhaité des versions de Whale, Branagh et autres Brooks, si ce n'est peut-être à travers ce personnage plutôt séduisant d'inspecteur, dont il y avait pourtant encore mieux à faire. Du coup, je me dis que même si j'aurais pu me passer de cette énième version, au moins ne me suis-je jamais ennuyé, ressentant toujours un vrai respect (hormis lors d'une conclusion assez grotesque) et une fascination palpable du réalisateur pour une histoire toujours aussi fascinante près de 200 ans après. Bref, cela aurait pu être bien mieux, mais je m'attendais à tellement pire que l'un dans l'autre, je m'y retrouve à peu près : honnête.