Scott Cooper, au sortir d'une très belle réalisation, le touchant Crazy Heart avec Jeff Bridges, s'attaque à la mise en scène d'un Revenge Movie hautement inspiré de l'oeuvre culte de Michael Cimino, Voyage au bout de l'enfer. Si la thématique n'est franchement la même, impossible pour un cinéphile confirmé de ne pas remarquer non seulement les décors naturels dans lesquels le cinéaste filme, mais aussi cette approche d'une Amérique industrialisée et souffrante de maux de guerre d'actualité. En somme, là ou évoluait les métallurgistes de Cimino il y a 30 ans et plus, maintenant évolue le casting cinq étoiles de Scott Cooper, Christian Bale en tête, en Pennsylvanie. Pour autant, même si le retour de la guerre est évoqué au travers du personnage de Casey Affleck, impeccable, il n'est ici pourtant pas question de traumatisme, au sens propre, mais bel et bien d'un film noir qui illustrera la vengeance.
Inutile d'en faire le pitch, Les brasiers de la colère est d'une simplicité toute naturelle, sans doute trop. Oui, si l'on s'attache à la relation douloureuse entre les deux frangins, aucun n'ayant semble t-il la vie facile, l'on attend finalement qu'une chose, la moitié du film passée, c'est la vengeance du grand frère. En effet, confronté à des montagnards ultra violents, inexorablement rapprochés au Rednecks sanguinaires de John Boorman, il s'agira de déplorer des pertes et de faire son deuil dans la violence. L'équilibre des choses n'est pas pour autant très équivoque, et il arrive parfois que l'on perdre un peu, en pensée, un cinéaste qui semble d'avantage obnubilé par ses références cinématographiques que concerné par son propre récit. Si Scott Cooper confirme un talent certain pour la mise en scène, s'il démontre son bon goût pour l'immersion auprès de personnages pouvant être captivants, il ne semble qu'être un voyeuriste d'avantage qu'un metteur en scène.
Pourtant, autant l'univers dans lequel évolue le récit, autant la majorité des acteurs, le casting comprend rien de moins que Christian Bale, Casey Affleck, Zoe Saldana, Forest Whitaker, Willem Dafoe et Woody Harrelson, tendant à faire des brasiers de la colère un grand film. Sans doute trop impersonnel, trop inspiré de références indémodables, le film de Scott Cooper, même s'il arrive parfois qu'on en jubile, n'explose jamais réellement, ce qu'il devrait faire. Même la bande son harmonieuse et typiquement adaptée n'amène jamais d'émotions. L'on suit donc avec intérêt la destinée des personnages mais l'on ne peut pour autant pas s'en captiver.
Le travail du réalisateur démontre qu'il n'est pas encore un grand monsieur, du moins un cinéaste indépendant. Malgré tout, Scott Cooper, à l'instar de quelques-uns de ses collègues, jeunes, plein d'avenir, je pense notamment à Jeff Nichols, Lee Daniels ou encore Steve McQueen, s'assure un bel avenir. Oui, s'il avait tout entre les mains pour bien faire, absolument tout, le réalisateur pêche par excès de jeunesse, trop respectueux des ses aïeux pour réalisé un film qui restera pour la postérité. Ne gâchons pas pour autant notre plaisir et plongeons nous sans regrets dans les brasiers de la colère, film sérieux, agréable et très bien interprété. 13/20