Avec The Strangers, Dernier Train pour Busan ou encore Mademoiselle, 2016 a été une année forte pour le cinéma sud-coréen en France. Ainsi, peut-être a-t-on entrevu la possibilité d’une alternative, dans nos salles obscures, au cinéma hollywoodien et au cinéma français. Dans ce contexte, c’est avec un long-métrage chinois que commence 2017. Et ici, on ne parle pas d’un film d’auteur qui ne sortira que dans quelques salles mais d’un véritable blockbuster. On pouvait donc avoir une petite attente pour La Grande Muraille, réalisé par Zhang Yimou.
Il faut néanmoins souligner que le film n’est pas 100% chinois. Outre la présence de Matt Damon au casting (sans aucun doute pour attirer le spectateur lambda trop effrayé à l’idée de voir un film avec uniquement des acteurs chinois), on note la présence d’Edward Zwick (réalisateur américain notamment à l’origine de Blood Diamond mais aussi, dans le même style, du Dernier Samouraï) en tant que co-scénariste, et aussi la musique, bien qu’avec des mélodies qui sonnent asiatiques, composée par Ramin Djawadi, à l’origine des pièces de Game of Thrones. Par ailleurs, c’est Universal Studios qui produit le film à l’étranger. Donc il est à noter qu’à l’heure actuelle, le cinéma chinois doit encore passer par les USA pour avoir de l’impact à l’étranger.
Parlons du film lui-même, et d’abord de ses atouts. La première chose qu’il faut souligner, c’est la beauté visuelle. En effet, Zhang Yimou nous offre de très belles scènes, en particulier durant les batailles sur la muraille avec, par exemple, l’utilisation récurrente de ralentis. On pourra noter un décor vraiment très beau (mention spéciale pour l’église/temple avec les vitraux dans la dernière demi-heure), ce qui sublime assez bien les scènes de combat qui sont dans l’ensemble bien filmées, quoique parfois un peu rapides, mais on s’y fait rapidement. En dehors de ces scènes d’action, la mise en scène se révèle assez classique, mais efficace. Au niveau du scénario, soyons clair : ce film n’est pas révolutionnaire. En rappelant parfois les batailles du Seigneur des Anneaux, ce film, qui traite donc d’une légende, est assez prévisible dans son déroulement et bien qu’il puisse offrir une réflexion sur la définition que l’on se fait de l’honneur, l’histoire est assez basique et ce n’est pas pour elle qu’on retiendra le film. Le design des monstres est assez réussi même si, parfois, le numérique ressort vraiment (aussi pour les paysages – on pense à la scène d’ouverture du film par exemple -). Enfin, pour le jeu d’acteur, il n’y a pas grand chose à redire, c’est propre et bien interprété. En fait, William (le personnage joué par Matt Damon dans ce film) et son ami espagnol (joué par Pedro Pascal), c’est un peu nous, spectateurs occidentaux qui débarquons dans le monde chinois et ses légendes à travers ce film. Et j’avoue que, un peu comme William qui décide de se rallier à la cause de cette armée qui défend la muraille, je me suis laissé facilement prendre par l’ambiance et par les enjeux, même assez basiques, de ce film. Comme le film est chinois, il est intéressant de noter que l’empereur est assez ridicule et a même des allures de comic-relief et également que, comme je l’avais lu/vu, effectivement la Mongolie n’est jamais mentionnée dans le film !
Au final, La Grande Muraille est plutôt une bonne surprise du box-office en ce début d’année 2017. C’est un film de guerre efficace, bien réalisé et, bien qu’il ait des allures de super-production hollywoodienne à la sauce chinoise, qui prouve que les chinois ont leur mot à dire dans le cinéma international. Ce que l’on espère, c’est que le cinéma étranger (j’entends autre qu’américain et français) pénètre encore un peu plus le marché français, pour apporter une réelle diversité cinématographique en France.