La grande muraille de Chine est un haut-lieu touristique, et il y a de quoi : la construction est titanesque, et dura un temps infini. Cet ouvrage militaire fut construit pour protéger la Chine des différentes invasions venues du nord et de bon nombre de légendes nées en partie d’inquiétantes prophéties. Tout le monde sait que la civilisation chinoise a été une grande civilisation. On leur doit en particulier les inventions de la poudre à canon (dite à l’époque "poudre noire") et de la boussole, pour ne citer que celles-là. En héritage, les asiatiques sont très attachées à leur Histoire, aux légendes, et à leurs traditions car ils en sont fiers et sans elles, le peuple chinois ne serait pas ce qu’il est. De ce fait, ils sont très attachés à leur grande muraille, dont la longueur officielle a été fixée à 6 259 kms, ce qui en fait l’ouvrage le plus grand jamais construit par l’homme, le seul qui soit visible depuis l’espace ! Les 8 800 et quelques kms annoncés en début de film seraient alors exagérés ? Pas du tout ! Car dans cette rallonge, on inclut les barrières naturelles que sont les montagnes, les rivières, les fossés et je ne sais quoi d’autre encore. Pas étonnant que cette muraille inspire autant de fascination et d’admiration ! C’est donc en toute logique qu’on a aujourd’hui un film qui porte sur le sujet, et c’est même à s’étonner qu’on n’en a pas eu davantage auparavant ! En regard de ce que je viens de dire, on pourrait se dire que je me fais l’avocat de ce film… Pas du tout ! Seulement il faut un minimum d’objectivité. Par exemple, les mauvaises langues s’étonnent de voir des occidentaux dans ce genre de film. Rassurez-vous, ils ne sont pas nombreux, constitués par Matt Damon, Pedro Pascal, et Willem Dafoe. Ce n’est pourtant pas incohérent : vu les propriétés physiques de cette poudre, il n’est pas illogique de voir des aventuriers traverser au péril de leur vie des contrées entières pour tenter de ramener cette fameuse poudre pour en faire commerce, un commerce pas très glorieux soit dit en passant. Les trouver là dans cette aventure n’est donc pas illogique. Si vous vous insurgez parce que les personnages sont des américains, alors je suis assez d’accord avec vous. Mais la nationalité de ces occidentaux a-t-elle seulement été dévoilée ?..................... Non. Ce n’est pas parce que Matt Damon et Willem Dafoe sont américains que leurs personnages sont américains. Pedro Pascal, lui, est chilien… Bref, passons. La grande muraille est le film le plus cher jamais produit en Chine, et il est normal que les américains bénéficient de quelques rôles en échange de leur participation financière. C’est ce qu’on appelle un échange de bons procédés. Après tout, on avait bien Tom Cruise dans "Le dernier samouraï", ou Keanu Reeves dans "47 Rōnin", ou à l’inverse Toshiro Mifune dans le western "Soleil rouge". C’est donc là que je rejoins l’avis de l’internaute FlecheDeFer, très pertinent et que je vous invite à lire. Je confirme le fait qu’il faut le voir avec un œil non occidental, d’autant plus que ce n’est pas une menace réelle qui a donné la matière du scénario, mais une légende. Cependant des références sont faites par rapport à des choses bien réelles, qu’elles soient en rapport avec l’Histoire ou avec les us et coutumes. Certes j’aurai préféré une vraie bataille, avec de vrais adversaires, comme Zack Snyder nous l’a proposé avec son terrible "300". Autant vous le dire, l’exploitation d’une des nombreuses légendes (elles sont nombreuses, je crois, là-bas) m’a laissé un peu perplexe. Ou alors il aurait fallu qu’elle soit un peu plus romancée. Je ne sais pas. Dans tous les cas, nous n’avons pas la bataille épique que j’attendais. "La grande muraille" est un film à grand spectacle, et comme c’est souvent le cas dans tout blockbuster qui se respecte (notez bien que j’ai dit "souvent", et non "toujours"), le scénario est assez maigre, pour ne pas dire simpliste. Sauf qu’ici il n’est pas aussi simple qu’on le dit. Je défie quiconque de deviner la diversion qui amène le premier vrai tournant du film. Après, je reconnais que le scénario n’est pas très compliqué non plus. En revanche, je conteste le choix opéré par William… vu la psychologie du personnage. Mais c'est très personnel... Les effets visuels sont d’excellente facture, à commencer par la reconstitution des feux volants, véritables projectiles incendiaires utilisés au début du Xème siècle. Les décors reconstitués pour les besoins du tournage sont très réussis, la Grande Muraille de Chine ayant été classée au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1987. Le souci du détail s’est porté également sur les costumes et les accessoires, des armes à la poterie la plus insignifiante. Quant au casting, il n’y a rien de notable à signaler, mis à part une petite dise d’humour amenée par un Pedro Pascal plutôt convaincant. Le point fort du film réside dans sa bande originale, signée par un Ramin Djawadi très inspiré, notamment en ce qui concerne les percussions, par ailleurs formidablement mises en scène ! A vrai dire, ce sont elles qui m’ont le plus impressionné, avec le déluge de feux volants. Pour le reste, la 3D n’apportant en définitive pas grand-chose… bien, mais sans plus !