Plus les films de Malick sortent, moins j'ai l'impression qu'il a quelque chose à dire. Autant je considère *The Tree of Life* comme un chef d'oeuvre, *A la merveille* comme une très belle continuité et *Knight of Cups* comme la conclusion intéressante mais un peu vide de cette trilogie, *Song to Song* arrive un peu comme un cheveu sur la soupe et n'arrive pas à distinguer sa propre identité et semble juste un nouvel ersatz de ce cinéma purement visuel où la narration laisse place au sensible, au poétique, mais à quel prix ?
Le principal problème de ce *Song to Song*, c'est que le cinéaste américain semble être dans la répétition la plus totale de ce qu'il peut proposer depuis presque dix ans. Au niveau thématique dans un premier temps, il ne faut pas se laisser avoir, le film ne traitera absolument pas du milieu musical, il ne servira que de toile de fond pour quelques scènes mais ne sera clairement pas abordé plus que cela. Le véritable sujet du film est ici l'amour. Le soucis étant que cette thématique avait déjà été traitée mais de manière beaucoup moins superficielle dans *A la merveille*, l'intérêt du métrage réside donc seulement dans la qualité de ses interprètes, que ce soit Gosling, Fassbender, Mara ou encore Blanchet, tous livrent une prestation honnête et semblent moins perdus que Christian Bale et Ben Affleck dans cette expérience cinématographique propre à Terrence Malick. Le problème étant que pour traiter de jalousie, de séduction, de désir et d'amour à un degré, il faut le dire, assez ras des pâquerettes, il a besoin de 2H00. Et ces deux heures semblent parfois une éternité tant la machine semble tourner à vide et on a l'impression d'assister à une machine génératrice de séquences aléatoires, valables seulement pour leur beauté plastique.
Ce qui me permet d'aborder sur le second soucis du film, la répétitivité de la réalisation et de la mise en scène. Des personnages qui déambulent, du travelling avant, du steadycam en courte focale en veux tu en voilà, de la voix off philosophique, Malick n'a, en termes purement techniques et narratifs, rien de neuf à nous proposer. L'impression de revoir en boucles les mêmes séquences en interchangeant seulement les acteurs et les décors.
Alors oui, certes, c'est beau, c'est magnifique, poétique, tout ce que vous voulez. Les films de Malick ont cette capacité d'hypnotisme assez phénoménale, mais une fois passée la premièr heure, le charme est rompu et on se rend douloureusement compte de la supercherie.
Au final, je dirai que le film n'est clairement pas obligatoire, surtout pour les fans de Malick qui n'auront rien de plus à se mettre sous la dent. Pour les néophytes, le film peut-être intéressant, il suffit en fait d'en choisir un dans la liste et de s'y tenir, parce que depuis *Tree of Life*, j'ai un peu l'impression que si t'en as vu un, tu les a tous vus, c'est là que ça devient tragique...