Terrence Malick réunit une fois de plus un casting prestigieux !
Sa façon de filmer, reconnaissable entre mille, la philosophie qui ressort de cette alchimie images/musiques accentuée par les pensées des personnages, Malick excelle dans cette forme de cinéma sensoriel qui lui est propre. Mais voilà, on sait pertinemment que l'on ne retrouvera pas la puissance de son chef d’œuvre "The tree of life" (devenu le modèle du genre), d'autant plus que le cinéaste continue de s'exercer encore et toujours depuis plus d'une dizaine d'années maintenant dans ce même registre. Le style ne surprend donc plus pour les connaisseurs, et le cinéaste aura tendance à sombrer dans une auto-caricature à force de réitérer le même délire coup sur coup, tout en tournant autour de ce même sujet qui lui tient à cœur, à savoir l'amour exposé dans toute sa complexité, ou encore ce regard sur la vie. Mais chez Malick, le scénario serait presque renvoyé au rang anecdotique tant ce sera avant tout sa vision et sa technique qui primeront dans son cinéma. C'est donc ici bien la forme qui viendra mettre en valeur le fond, décuplant avec brio sa puissance philosophique, et délivrant ainsi de fortes émotions chez le spectateur, pour peu que celui-ci soit attentif et accepte ce voyage spirituel. Le cinéaste nous invite une fois de plus à entrer en contact avec cette philosophie de la vie au sens large, un exercice qui se laissera sûrement apprécier pour le spectateur novice en soif d'originalité, s'apprêtant lui, à découvrir une nouvelle expérience filmique, que l'inconditionnel connaît malheureusement déjà depuis bon nombre d'années maintenant (depuis "Le nouveau monde" en 2005). On ne peut pas vraiment en vouloir au cinéaste qui a su créer et exploiter un style remarquable, mais le fait de rester dans cette même couture, devenant toujours un peu plus redondante et lassante, pourra clairement décevoir. Une forme de génie qui ne surprend donc plus, et bien que les personnages de ce "Song to song" mettront leur âme à nu, à l'image des maisons de verre qui nous sont ici présentées, ce long-métrage de voyeurisme sentimental ne surprendra plus, et on en viendra même à regretter la faible présence de son rapport à la musique, le film étant sensé jouer sur cet aspect (comme l'indique également son titre). Le texte, les acteurs, les musiques, les idées de scènes, les plans, la force dramatique, tout est présent pour faire un bon film, seulement celui-ci ne sera en définitive qu'une énième répétition du cinéaste. Ne serait-il pas temps de se renouveler un peu Monsieur Malick ?