Après l’exceptionnelle réussite de "Fatal", le réalisateur Mickael Youn était attendu au tournant. Et si son deuxième film ne parvient pas à égaler son chef d’œuvre, il n’en demeure pas moins un excellent divertissement qui évite le piège du sous-Borat que laissaient présager la bande-annonce et qui a su conserver le ton de son prédécesseur, dont peu de films peuvent se vanter. Car ce qu’on aime dans "Vive la France", c’est avant tout l’humour corrosif qui ne craint pas de venir titiller le politiquement correct, les dialogues qui réservent quelques perles (le "c’est intéressant" de Muzafar, le "rognone" de Feruz…) et le sens du détail comique de Youn (le running gag du taboulé qui s’invite même sur les voitures officielles du Taboulistan). A ce titre, le duo formé à l’écran par Mickael Youn et José Garcia fait, forcément des étincelles et parvient à rendre crédible ces deux terroristes improbables, choisis pour leur ignorance et qui vont découvrir un pays dont il ne soupçonnait pas la beauté. Car, mine de rien, Youn ne néglige pas le fond et dénonce, avec son humour, les conditions de recrutement des terroristes par les élites de leur pays. Le réalisateur profite également de son film pour déclarer son amour à son pays, en n’hésitant pas à se montrer franchement caricatural dans sa représentation des régions traversées (les indépendantistes en Corse, les anti-PSG à Marseille, les chaleureux épicuriens du Sud-Ouest…) et des différentes administrations (les Centres de rétention, l’hôpital…). Cahier des charges oblige (il faut bien que les terroristes tombent sous le charme du pays), on pardonnera bien volontiers cette vision caricaturale. Par contre, on ne peut que regretter le final plutôt décevant du film qui vient, en outre, clôturer un dernier tiers franchement en-dessous. On aurait également aimé que Youn fasse l’économie de quelques maladresses (la séance photo au centre de rétention, la danse finale…) ainsi que de la voix off qui s’avère assez lourdingue. Enfin, la quasi-omniprésence des deux têtes d’affiches se fait au détriment des seconds rôles (qui apparaissent plus qu’ils n’interviennent, comme Jerôme Commandeur, Vincent Moscato ou encore Claude Perron), à l’exception d’Ary Abittan (bien moins irritant dans le film que sur les plateaux télé) et de la superbe Isabelle Funaro qui semble avoir été moins cadrée que dans Fatal et qui s’avère bien moins crédible. Le film n’en reste pas moins une comédie savoureuse où on se marre souvent (ce qui n’est pas si commun en ce moment dans le cinéma français). Il manque en fait à ce "Vive la France", l’énergie et la modernité de "Fatal"… et sans doute un peu de l’effet de surprise qui avait pris le public de court.