[Scénario: 3/5]
"12 Years a Slave" (le titre est assez évocateur) nous propose de revenir sur un fait historique: l'enlèvement et l'esclavage de Solomon Northup un citoyen américain lambda, dont l'existence serait probablement passée inaperçue s'il n'avait pas écrit ce livre qui décrit 12 années de sa vie durant lesquelles il subira de lourds sévices et sera témoin des pires horreurs et de la cruauté humaine.
Ceci étant, le thème de l'esclavage n'est pas nouveau au cinéma et a inspiré déjà plusieurs chef d'oeuvres (je pense notamment à "Mississippi Burning" d'Alan Parker, même s'il traite plutôt de l'après esclavage), on est donc naturellement en droit de se demander ce que "12 Years a Slave" apporte de plus, de différent. Eh bien j'ai eu ma réponse à la fin du film: "12 Years a Slave" nous plonge réellement au cœur de son sujet, il nous fait vivre l'esclavage de l'intérieur, par les yeux d'un héros auquel on peut aisément s'identifier dans la mesure où il est lui-même un citoyen américain privé du jour au lendemain de son droit le plus fondamental: sa liberté.
[Mise en scène: 5/5]
Il faut dire ce qui est, la mise en scène est assez pesante: le film est lent, monotone et la séquence qui présente la période d'esclavage de Solomon Northup semble juste sans fin à tel point qu'on en vient presque à attendre le générique de fin comme une libération. Alors certes dit comme ça, ça ne fait pas très envie... Et pourtant il faut bien le reconnaître il y a du génie dans cette réalisation: en nous étourdissant de longueurs et de monotonie, le spectateur est petit à petit happé par l'histoire puis se développe cet espèce de climat d'empathie qui nous fait finalement fusionner avec le héros. Tout ce qu'il subit sous nos yeux forme comme un poids sur nos épaules.
Pour mettre en place cette atmosphère nonchalante, le réalisateur a recours à de nombreux plans séquence, des plans séquence qui s'éternisent et font qu'on en implorerait presque la fin,
je pense notamment à la scène difficile de la pendaison de Northup, une scène qui ne dure finalement que quelques minutes, mais nous donne l'impression d'avoir passé une journée à attendre auprès du héros
.
Alors au final, oui c'est assez difficile de trancher, mais cette longueur présente pendant toute la durée du film est selon moi aussi agaçante qu'elle n'est brillante en termes de mise en scène.
[Acteurs: 4/5]
Je dois dire que l'acteur principal Chiwetel Ejiofor était pour moi un total inconnu, malgré plusieurs apparitions dans de grandes productions ("Inside Man", "American Gangster", "2012"). C'est une bonne découverte, il a vraiment quelque chose de poignant dans le regard et maîtrise parfaitement l'émotion dégagée par son personnage.
Ceci étant les performances les plus notables se situent selon moi du côté des "bad guys", avec, en tête, Michael Fassbender dans le rôle du sordide Epps, aveuglé par sa haine et ses principes religieux. Paul Dano (qui jouait un très bon rôle récemment dans "Prisoners") est excellent dans son interprétation de Tibeats, petite crapule raciste et sans scrupules et enfin Cumberbatch qui déploie un charisme fou dans son interprétation du "presque sympathique" maître Ford.
[Photographie: 4/5]
De nombreux plans séquences se chargent de capturer l’atmosphère du film: la routine du travail dans les champs de cotons, le travelling dans les champs de cannes à sucre et tous ces petits plans sur les feuilles d'arbres qui flottent au vent, sur l'eau qui s'écoule provoquent en nous un sentiment de répétition, les journées s'écoulent mais se ressemblent toutes. Sur le coup ça ne paraît rien, mais ce sont tous ces petits éléments de décors capturés et mis bout à bout qui contribuent à nous plonger dans le film.
Contrastant avec la beauté des décors, les scènes de torture et de violence sont filmées de manière à ne rien cacher, mais sans non plus trop insister sur la douleur physique, le principal choc est, lui, émotionnel.
[Bande Originale: 4/5]
Je n'ai probablement pas été le seul à ressentir dans les quelques notes, formant le thème du film, un sentiment de déjà vu et pour cause, la partition de "12 Years a Slave" est composé par Hans Zimmer, figure incontournable de la composition pour le cinéma à Hollywood à qui l'on doit entre autres les partitions de "The Dark Knight", "Madagascar", "Pirates des Caraïbes" ou encore "Gladiator".
Pour ceux qui ont vu "Inception", vous ferez sans doute le rapprochant avec le thème principal de "12 Years a Slave", dérivé du titre "Time" dans le premier film. Anecdote amusante: "Time" avait déjà été adapté dans le film "Capitaine Phillips" qui tout comme "12 Years a Slave" est en lice pour l'Oscar 2014 du meilleur film.
[TOTAL: 4/5]
Bien que le thème de l'esclavage noir aux Etats-Unis ait déjà fait le fruit de plusieurs adaptations au cinéma, "12 Years a Slave" présente des faits et une histoire inconnus basés sur le récit de la captivité de Solomon Northup, citoyen américain qui se retrouve du jour au lendemain privé de sa liberté, enlevé puis vendu en tant qu'esclave.
L'histoire est bouleversante il n'y a pas d'autres mots et elle a le mérite de nous faire réfléchir. C'est, en revanche, du côté de la mise en scène que les avis se partagent: le rythme du film est très lent, monotone et répétitif, à tel point qu'il nous engourdi dans notre fauteuil de spectateur et qu'on attend la fin presque comme une libération.
Ce qu'il y a, c'est qu'aussi agaçant que cela puisse paraître, il a y a aussi beaucoup de génie dans cette mise en scène qui par sa lenteur nous fait prendre conscience à quel point 12 années d'esclavage peuvent êtres longues, interminables, par la répétitivité des scènes de travail quotidien on ressent une forme de lassitude et finalement c'est cette mise en scène lourde et épuisante qui donne au film tout son sens et qui uni le spectateur au personnage par un puissant lien d'empathie. Alors oui iil y a beaucoup de films partageant le même thème que "12 Years a Slave" c'est vrai, pourtant il est l'un des seuls à être aussi poignants et à réussir à nous faire vivre l'histoire de l'intérieur. Steve McQueen est un sacré réalisateur ! Seulement 3 films à son actif et pourtant il a tout compris au cinéma, chapeau.