Entre les notes, les échos que j’en ai eu, les oscars (3 dont celui du meilleur film), le casting et l’œuvre dont c’est tiré ça annonçait du lourd et ça donne envie. On m’a même prévenu que c’était à chialer, et bien de larmes il n’y a pas eu.
Seulement voilà, à trop avancer ses pions ils se font bouffer, et ça accouche d’une souris comme on dit. Bon c’est pas exactement ça mais il faut dire que je m’attendais à mieux. On sent que les scénaristes d’Hollywood sont à court d’idées, donc ils prennent des histoires où ils peuvent. Celle-ci est bonne, mais n’a rien d’exceptionnelle (malheureusement), en plus elle est juste racontée, comme plaquée sur pellicule. Certes la force du long métrage est de rester sobre, juste, sans trop de pathos ni verser dans le larmoyant. Oui mais du coup on se prive de pas mal de choses : des sentiments par exemple, il y en a mais pas tant, et pas si forts car rien ne les amène à se développer. On n’a pas tant d’empathie pour les esclaves car leur parcours ne nous est pas conté. Pareil pour Solomon dans un sens car on ne saisit pas comment il se retrouve là, on ne sait pas trop à quoi il pense pendant 12 ans. Certes on peut s’en douter, mais à ne rien représenter ainsi on finit par suivre son parcours bêtement, ça fait limite reportage et c’est décevant.
Pour continuer dans la sobriété le jeu des acteurs est dans le ton, les dialogues et la musique aussi, bien que parfois cette dernière sonne moins bien. Les décors sont beaux par contre, la trame également, même si elle demeure classique et devinable (dès le titre) mais pas le montage, plus alambiqué sans raison (et là ça ne suit pas le ton général). Le rythme est lent et colle à l’ambiance, les longueurs étant peu présentes ça aide, mais là aussi rien ne s’emballe et cette tempérance, si elle ne fait pas forcément décrocher, finit de dépassionner le thème. Celui-ci justement me parait facile, les récompenses et les critiques dithyrambiques semblent suivre un mouvement de contrition. Des longs métrages sur l’esclavage il y en a eu pas mal déjà, certainement aussi bons mais sans tant de congratulations, pourquoi ? L’époque est au pardon donc on charge quand on peut pour montrer qu’on comprend et qu’on est désolés à l’excès ? Ridicule, s’excuser des fautes d’autres pour faire bien c’est de l’obséquiosité hypocrite.
Au final ce film est bien, mais juste bien, sans plus, rien ne le fait s’élever aussi haut que beaucoup le font. Pour preuve tiens le casting : Brad est là 5 minutes maxi, et son apparition est bien commode, il résout tout d’un coup et tout seul alors que Solomon devrait être échaudé par sa 1ère expérience ratée, Cumberbatch ? 7 minutes on va dire, et sa dette on sait pas d’où elle sort, Paul Dano et Giamatti on les zappe tant ils sont peu présents, Fassbender est déjà plus régulier mais on ne sait rien de lui, ni de la gamine de couleur qu’il porte quand ses esclaves reviennent. Bref ça manque de finitions, de clairvoyance et de finesse. C’est pas fini en somme, même la conclusion, en trop petits caractères, ne nous révèle pas ce qu’il advient des actions menées, les répercutions qu’elles ont eu ou auraient pu avoir.
On reste dans le réalisme, certes c’est bien, mais ça ne nous emporte pas, donc loupé pour l’empathie et l’émotion. Dans le genre je préfère limite Django Unchained, c’est dire.