C'est le second long-métrage du Chilien Alejandro Fernández Almendras, après Huacho (2009). On y retrouve le même réalisme minimaliste, cette lente, patiente et minutieuse captation du quotidien. Un quotidien rural qui faisait l'objet d'une chronique dans Huacho, mais qui est ici plutôt un cadre à valeur symbolique, le coeur du film étant l'observation des relations entre un homme et une femme, l'observation d'une vie qui s'assombrit peu à peu à cause de la maladie. Chapitré par saisons, avec des intertitres mentionnant un lieu, une date et un extrait d'un dialogue à venir, le film évoque le temps qui passe, l'inéluctable cycle de vie et de mort. Il propose une succession de tranches de vie avec ellipses et non-dits. Un mode de narration qui zappe les informations ou événements majeurs pour n'en montrer que les répercussions. Il y a beaucoup de pudeur et de délicatesse dans cette approche de la maladie et de la mort. En focalisant sur des conversations apparemment anodines ou de petits détails de la vie, Alejandro Fernández Almendras parvient à exprimer un mélange de lassitude et de tristesse, d'attachement fort et de délitement des relations. La scène de la balade en montagne, avec le traîneau, dans un paysage sans neige, est particulièrement émouvante.
Près du feu est un film subtil, c'est une évidence. Il est beau également, grâce au joli travail sur la lumière du chef op' Inti Briones. Mais il est parfois mince et aride. Un peu plus de matière dramatique n'aurait pas forcément nui au propos. Un peu plus de variété dans les plans, non plus. Les plans-séquences appuient le réalisme et l'idée d'étirement du temps, chers au réalisateur, mais ils génèrent également des longueurs... Bref, le parti pris radical se tient, il est maîtrisé, il a ses qualités et ses limites.