Clairement le premier mot qui vient à l'esprit à la fin du film est : "décevant".
Le nouveau protégé de Gondry divise. D'un côté la maîtrise de ses idées et de son talent est indéniable, mais c'est justement là où se trouve le problème : son savoir-faire dans les effets spéciaux est constamment mis à contribution.
Oui, certes, Gondry est le génie des trucs et trucages, le "Méliès du 21ème siècle" et pourtant... , et pourtant! Suffit-il d'en mettre à chaque plan pour divertir le spectateur et le faire rentrer dans le récit?
De toute évidence, pas vraiment. Du moins, surtout au début :
Tout commence rapidement. On est plongé d'entré de jeu dans l'univers du réalisateur, qui nous lance (toutefois) un avertissement : ne jamais perdre de vue le roman de Boris Vian (il en tiendra d'ailleurs rigueur tout au long du film)
Et malgré tout, au fur et à mesure, on s'habitue : à la profusion des effets, à l'univers très travaillé, à la foisonnance des objets inventés, aux jeux de mots (Gondry traduit littéralement à l'image, les descriptions lyriques de Vian), de situations... : Preuve d'une imagination débordante... Alors seulement, on parvient (pour certains) à les oublier, ou plutôt les accepter, pour se concentrer sur l'essentiel : l'histoire, le récit, les personnages.
Ces derniers sont abîmés, usés par la vie et la maladie, leur ôtant leur joie de vivre originelle, en même temps que leur environnement, qui tombe en ruine. On nous donne à voir une vision, à la fois, très poétique et mélancolique, qui dénote tout à fait avec le choix du casting. En effet, tous ou presque sont des acteurs associés à des rôles légers ou comiques : Romain Duris, Omar Sy, Gad Elmaleh, Charlotte Le Bon, ou encore, Laurent Lafitte... Une volonté du réalisateur intéressante, qui manque toutefois d'approfondissement : du film, leur talent ne sera jamais vraiment exploité. Si on en perçoit quelques bribes, ils n'en auront pas plus l'occasion de s'exprimer. La faute au "héro" du film : les Effets Spéciaux...
Finalement,"L'écume des jours" n'est qu'une espèce de machine, une machine hollywoodienne, certes, à moindre mesure, mais qui y trouve ses ressemblances...Le parti pris de Michel Gondry pour les trucages est connu, mais est-ce son passage aux Etats-Unis (The Green Hornet) qui lui a fait perdre son grand sens du récit? Rien n'est moins sûr!