Si vous avez lu ma critique du roman de Boris Vian « L’écume des jours », vous savez à quel point je l’ai détesté pour un nombre abondant de raisons que vous pourrez retrouver dans ma chronique prévue à cet effet. Néanmoins, j’ai voulu découvrir le film (pour achever de me dégoûter ?) afin de comprendre les choses qui m’avaient échappées dans le roman et pour voir comment Michel Gondry allait l’adapter. Il réutilise la même histoire bercée par le jazz au cours de laquelle Colin, un jeune homme quelconque, lutte contre la maladie de sa femme Chloé. Le couple est entouré par d’autres personnages comme Chick, ami de Colin qui voue une admiration sans borne pour Jean-Sol Partre, manière humoristique qu’a Boris Vian de parodier la philosophie de Jean-Paul Sartre, ou encore Nicolas, le cuisinier.
Je dois bien avouer que le film m’a d’abord réconcilié quelque peu avec l’œuvre d’origine en insérant une dimension cinématographique à l’absurde qui passe nettement mieux et qui nous préserve de la narration foireuse de Vian. Toutes les idées de Gondry sont bien plus riches, développées et adaptées aux circonstances et c’est un plaisir de voir jusqu’où va son inventivité. Un des principaux défauts que j’avais trouvé au livre - et pourtant ils sont nombreux - c’était son écriture qui ne faisait rien pour faciliter notre compréhension de l’histoire, il était ainsi difficile de se faire des images mentales pour se représenter les situations. Ici, on nous fait découvrir l’histoire par l’image, on y comprend enfin quelque chose (sans pour autant y voir un intérêt, mais tout de même). Toutefois, au bout d’un moment, le film n’échappe pas à la nullité du roman et se doit de retranscrire l’histoire, même si cette-dernière est interminablement mauvaise. Cela s’observe surtout dans la deuxième moitié quand le récit prend une tournure plus dramatique (légèrement plus émouvante quand dans le livre dans lequel je n’attendais que mes cris de joie lorsque je le refermai). L’ambiance est pesante comme il se doit mais quelques longueurs s’installent, une lassitude face aux événements insensés. Certains ont critiqué le bricolage de Gondry, les petits éléments qui grouillent dans chaque plan, la caméra qui tremblote, mais ce n’est pas tant quelque chose qui m’a dérangé, au contraire, j’ai aimé cette manière de s’approprier le roman, qui sera toujours meilleure que la matière première. Les acteurs sont aussi un gros avantage. Et pour cause, la distribution fourmille en célébrités qui montrent encore leur talent : Romain Duris en Colin touchant de nostalgie, Gad Elmaleh en Chick fanatique, Omar Sy en Nicolas espiègle, et Audrey Tautou en Chloé vulnérable. Enfin, l’idée des dessins dans le générique est plutôt bonne, closant une étonnante manie de faire dessiner Chloé durant toute la durée du film.