Après la déception relative de "caught", bien trop optimiste pour le Ophüls que j'aime, voici sans lendemain, autre drame désespéré. Ce que choque de prime abord, enfin choque, c'est un bien grand mot, c'est la nudité, je ne m'attendais pas à voir ça dans un film de 1939. Déjà ça m'a mis dans l'ambiance, on est pas dans un film de chochotte qui parle d'une "boîte de nuit" où les danseuses sont nues en faisant qu'en parler. Mais ceci n'est qu'un détail, quelques petites secondes dans le film. Contrairement à d'autres Ophüls, comme Madame de… on assiste pas à la chute d'une personne, cette personne est déjà au fond du trou, ce qui rend la fin prévisible, mais plus encore, ça renforce encore le côté tragique du destin de cette femme, un peu à la Lola Montes. Alors certes la caméra d'Ophüls n'est pas aussi virevoltante que dans d'autres de ses films, la mise en scène est plus classique, pas de beaux escaliers filmés de manière à atteindre l'orgasme… Mais n'en reste pas moins un beau drame, très bien écrit, très juste, très beau, qui s'achève sur un final absolument magnifique. Peut-être que ce n'est pas aussi bien que Madame de… ou bien la rouge, lettre d'une inconnue, mais l'intelligence de ce drame comme toujours chez Ophüls c'est de ne pas céder au mélodrame de bas étage. Il esquive le point d'orgue du film, qui bien trop souvent se résume à faire pleurer dans les chaumières, et ça rend le film que plus beau.