Le titre porte une année comme le bras d’un condamné un matricule. Les deux acteurs principaux Juliette Binoche et Jean Luc Vincent sont épatants. L’asile dévoilée par le film, la situation asilaire est moins repoussant par des traitements brutaux qu’on ferait subir aux malades, ce qui était le cas dans « Vol au-dessus d’un nid de coucou » que par les malades eux-mêmes qui ont des traits grotesques, inhumains, un peu la peinture de Bosch, quelque chose du Moyen Age, des gargouilles, des créatures selon Camille qui n’ont pas figure humaine. Elle qui aimait, choyait la beauté, les formes sensuelles, l’harmonie, faire ressentir à travers son art des sentiments, les faire rayonner dans sculpture, elle, ici, dans cet asile depuis 20 ans, possède la lucidité que personne ne semble lui reconnaître, et dans son discours, c’est souvent gâché par ses obsessions de persécuté, qui sont aussitôt prises pour des preuves de folie. Quand le frère apparaît, c’est sublime : quel texte ! Sa prière qu’il adresse en chemin face au paysage si beau de la Provence, son expression tourné vers l’évidence de sa foi, on dirait mystère pour Camille qui cherche un soutien, une lumière en elle, quelque chose qui lui permette de supporter, un espoir, une lueur, alors que son frère tire le religieux jusqu’à son incandescence qui est la sainteté, recherche insatiable dans ses écrits. Au début il est vrai que le film, semble gigogne, comment une malade peut elle être aussi lucide, au milieu de cette cour des miracles, comment personne ne s’aperçoit de son intelligence, de sa finesse, de sa souffrance surtout, et puis le film fait plier cette tension, parce que les deux esprits qui se rencontrent à la fin, sont exceptionnels Camille et Paul.