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Léa H.
32 abonnés
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3,5
Publiée le 26 janvier 2014
Une expérience très inconfortable, qui met nos nerfs à rude épreuve (la confrontation avec la maladie mentale, le silence et l’opacité du monde), mais finalement très marquante. Le visage de Juliette Binoche (excellente) reste imprimé en nous, comme figure ultime de la résistance, celle de l’existence face au néant. Une résistance qui nous ronge et nous habite à la fois dans ce film austère et dur. Dumont reste l’un des plus grands filmeurs du cinéma français.
Depuis toujours, ce sont les éléments qui attirent Dumont. Ado, j'avais aimé sa "Vie de Jésus" pour le plaisir de sentir le vent, la pluie ou la terre qu'il sait (encore) prendre le temps de filmer. Puis j'ai compris que ses films étaient creux, ses personnages schématiques, ses histoires louches et sa prétention infinie. Légèrement arriéré, Dumont trafique des mises en scène binaires et scolaires qui ne touchent éventuellement le spectateur que parce qu'il en rajoute systématiquement une bonne couche dans le monstrueux, la violence et l'opacité des motivations. "Camille Claudel 1915" a en plus le défaut d'être très mal joué (en particulier par J-L Vincent/Paul Claudel). Le pire Dumont (avec "Hors Satan").
uliette Binoche rit, renifle, chigne, pleure, bouge les sourcils, n'est pas maquillée, regarde au loin, hurle, se tait, gémit, se lamente, se coiffe, sourit, écrit, laisse un frisson parcourir ses joues, tremble, sanglote, etc.
Quel ennui. Un numéro d'actrice de Binoche qui est à la peine. A part pleurer ou sourire béatement on n'y croit pas une seconde. Ensuite la participation de vrais "fous" frise le voyeurisme ;on tourne en rond dans le scénario comme dans cet asile du début du 20° siècle. A éviter donc.
Excellente interprétation de Camille Claudel le film dont le sujet reste difficile est intense...je regrette qu'il n'y ai pas eu en voie off la lecture (certaines lettres dans lesquelles elle parle de son enfermement) de la correspondance échangée entre eux ce qui aurait donné plus d'intensité a cette violence que représente son internement même si cette souffrance est bien exprimée à travers les silences et les comportements , expressions physiques de Juliette
Le film impressionne par sa puissance formelle et se révèle intéressant par le questionnement suivant qu'il développe: Comment une artiste peut-elle vivre dans un asile, soit un lieu terriblement matériel. Dumont trouve des idées de mises en scènes percutantes, comme filmer Claudel éblouie par la lumière du jour, ou encore en train de contempler un arbre ou même regarder une pièce de théâtre. Malheureusement, le film heurte véritablement par son austérité, et aussi par le fait qu'il n'y ait aucun moment d'humanité. Très explicatif et verbeux, "Camille Claudel, 1915" finit par se fusiller en faisant apparaitre Paul Claudel, dont les longs monologues repoussent les limites de l'ennui au cinéma. Un pur film d'auteur aux qualités certaines, mais aux maladresses impardonnables.
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3,5
Publiée le 7 octobre 2023
Une oeuvre aussi poignante que cette femme au talent brisè! Juliette Binoche transfigurèe! Qui d'autre que cette grande actrice filmèe à nu pouvait succèder au mythe Isabelle Adjani pour incarner Camille Claudel au cinèma ? Oubliez le face à face entre Claudel et Rodin! Le film de Bruno Dumont, qui se passionne par la personnalitè hors du commun et le destin tragique de Camille Claudel, se dèroule après la passion amoureuse avec Rodin! Ni musique ni sentimentalisme! L'histoire d'une âme perdue dans un asile d'aliènès dont la raison chavire à petit feu! Quelle vie! Quel drame pour cette artiste maudite! Ce que Binoche donne à Claudel est absolu et bouleversant! La mise en scène de Dumont est un modèle d'èpure et de rigueur jamais ètouffant! Et la reconstitution est aussi soignèe que la lumière! C'est dur, triste et dèprimant mais il faut ça pour se plonger dans ces trois jours de la vie de la sculptrice internèe à tort...
Deux à avoir visionner ce film... deux à ne pas avoir "accrocher"... Trois jours de la vie de Camille Claudel dans cet enfermement, pourquoi filmer cela ainsi avec de vrais "fous"? Un difficile jeu de rôle pour Juliette Binoche, dont finalement on en ressort dubitatif pour un personnage comme celui de Camille Claudel. La venue de son frère n'apporte pas grand chose non plus au film. Ils jouent juste, mais c'est au final juste sans saveur, mis à part quelques jolis plans de la nature. Ce "complément" de la vie de Camille Claudel après le film tourné avec Isabelle Adjani paraît plat sans réel force et plutôt insipide. Cela ne vaut pas le détour à "notre" goût.
Prodigieux Bruno Dumont, qui réussit un nouveau modèle d'épure, en greffant l'univers de Camille Claudel au sien. Juliette Binoche enrichit quant à elle sa palette d'actrice par un rôle surprenant.
Je n'aime pas le cinéma de Bruno Dumont qui est pour moi un cinéma sur la douleur mais surtout de la douleur pour le spectateur. C'est un cinéma que je n'arrive pas à aimer, que je n'arrive pas à comprendre, qui m'échappe (pour peu qu'il y aurait quelque chose à prendre là dedans). On s'emballe beaucoup sur Dumont depuis quelque temps, comme l'héritier de Bresson. Bon, je suis pas fan de Bresson (j'ai rien contre hein, j'ai beaucoup aimé un condamné à mort s'est échappé, par exemple, mais ce n'est pas du tout faire justice à Bresson de le comparer à Dumont, chez Bresson y a une sorte de grâce quand même qui émane de ses films, chez Dumont c'est laid, je crois qu'il essaie justement de faire émerger une beauté de ce qu'il filme mais il n'y parvient pas. Et dans Camille Claudel, il n'y parvient pas non plus. C'est pas le film de Dumont que j'aime le moins, il est pas horrible hein, y a des qualités, mais je sais pas, c'est un cinéma qui ne me plait vraiment pas.
Un texto de Juliette Binoche, un livre sur Camille Claudel à son chevet et monsieur Bruno Dumont nous sort un film de malade !!! (sans jeu de mot) Une œuvre sublime, forte où le plus grand défi qu’il a relevé haut la main avec toute l’équipe du film aura été de tourner avec d’ authentiques malades mentaux. Je ne suis pas surpris qu’il ait voulu explorer cette période mystérieuse de la vie de Camille Claudel car ça lui a permis d’extrapoler avec les thèmes qui lui sont chers : la folie et le mysticisme. Voir les derniers jours de Camille entrain de sombrer désespérément dans un état d’aliénation mentale, impuissante à faire entendre raison à sa propre famille bien décidée à l’abandonner définitivement, témoigne de l’imagination sans borne de cet auteur. Il déroge un peu à ses principes en travaillant avec une grande star dans la personne de Juliette Binoche (une des plus grandes actrices au monde à mon avis) et n’a pas hésité une seconde à la mettre au milieu d’autistes, de trisomiques et de schizophrènes dans cette ambiance, cet univers de l’internement et de la démence, particulièrement bien retranscrit, tant on se sent à ses côtés. Par contre, sa mise en scène ne change pas, beaucoup de plans fixes, peu de dialogues, une prise de son pure, c’est magnifique ! La production est impeccable (décors, costumes, accessoires), on se croirait au début du 20ème siècle et on peut dire que ça change de le voir quitter le nord de la France qui est son terrain de jeu habituel (à part Twentynine Palms évidemment). Comme la quasi-totalité de son casting sont d’authentiques pensionnaires d’un asile, il n’y a que Juliette Binoche qu’il aura dû diriger et quelles performances ! On a droit à 3 scènes particulièrement intenses qui n’ont pas dû être faciles pour cette immense actrice quand on connaît la dureté de la direction d’acteur de Bruno Dumont qui n’y va pas avec le dos de la cuillère pour les déstabiliser et obtenir ce résultat si fascinant. Dans les moins, je dirais que le directeur de cet asile fait un peu trop vieux débris, à bout de force pour vraiment les aider et le personnage de Paul Claudel ne m’a pas non plus transporter. Il y a pourtant une superbe scène de réflexion sur Dieu, le christianisme, le bien et le mal liés ou pas à tous les évènements qui entourent cette famille mais sa performance ne m’a pas envouté. Il y a peu de références à la vie de sculptrice de Camille mais j’ai trouvé les petites touches écrites par Bruno Dumont fines et bien vues : un joli croquis sur une lettre, un malaxage de terre glaise dans le jardin pour remémorer ses sensations. Enfin, je le trouve plutôt court et il manque ses habituelles scènes d’amour torride et/ou de violence, là on reste enfermé dans les méandres de Camille mais rien que la sensation d’internement et de frustration qui en découle est à ne pas manquer…
Camille Claudel 1915 est une splendeur, selon moi le meilleur film de Bruno Dumont. Des images d'une grande beauté extatique, des plans séquences somptueux où les paysages sont magnifiés sans aucune musique additionnelle, du grand cinéma. Dumont parvient à capter au mieux le solitude et la folie de Camille Claudel. L'ambiguïté de son personnage (celle-ci hurlant qu'elle n'a commis aucun crime") mais refusant d'admettre sa folie. Paranoïaque, elle a un type spécifique de folie qui la ronge. Dumont réussit tout autant les plans fixes "habités" que les belles balades dans la plaine rocailleuse ventée ou cette prenante montée d'escalier de Claudel et du prêtre, assèchement des scènes mais magnificience mystique. Camille Claudel 1915 est doté d'une rare richesse d'évocation. La recherche d'émotion, de réalisme (bravo pour le jeu des acteurs non professionnels - on se demande d'ailleurs à quel point ils jouent leur propre vie-) et le mystique (Dieu convoqué par Paul Claudel) font de ce film une oeuvre majeure. Dumont se joue parfaitement du rôle de Camille Claudel. On se demande si ce que nous, cinéphiles, voyons n'est pas ce que la sculptrice hallucine, au moins en partie (les soeurs qui l'épient). Bien sûr, Juliette Binoche est incroyable, ascétique, sans fard (assumant son âge), sûrement sa performance la plus aboutie et filmé entomologiquement et sans jugement par Dumont. Jean Luc Vincent, une découverte, semble avoir une grande palette dans son jeu à la fois halluciné, touchant et inquiétant. Etonnante cette scène d'écriture torse nu, muscles bandés, possédé telle un acte masturbatoire mystique. La scène où il narre sa foi au prêtre est bouleversante. L'usage personnel des champs contrechamps de Dumont (axés sur Binoche dans la scène avec le vieux médecin (acteur étonnant) et sur Paul Claudel avec le prêtre confère à ces scènes un aspect mystique. Mystique mais différent de Malick, il prouve qu'il est l'égal de robert Bresson. Pour la première fois, l'apport d'une vedette donne une puissance inégalée à ce film, austère mais habité.