Le genre fantastique/horreur se porte-t-il donc si mal pour que Gérardmer, LE festival de référence, décerne son Grand Prix à un film comme "Babycall" ? Si vous avez l'habitude de ce type de films, vous savez exactement comment ça va se terminer au bout de trois plans, au moment où Anna (Noomi Rapace) sort de son taxi... Avec cette entame, Pal Sletaune bousille complètement le suspense et ne parvient jamais vraiment à donner un réel relief au film (hormis dans son exposition, éventuellement, et exception faite de ce générique/spoiler, évidemment). Je me souviens avoir vu il y a quelques années -et plutôt aimé- "Junk Mail" de ce même Sletaune. Sans être inoubliable, il y avait dans ce film une patte, un point de vue d'auteur et une identité scandinave parfaitement assumés. Ici : nada ! "Babycall" est un film de genre complètement impersonnel, comme on pourrait en voir des dizaines dans n'importe quelle filmographie de n'importe quel pays, et qui fait penser dans ses meilleurs moments au "Dark Water" de Nakata (qui n'était déjà pas un chef-d'œuvre...) et dans ses pires aux plus belles impostures de Shyamalan. Bon, tout n'est pas non plus à jeter. L'interprétation, par exemple : si Kristoffer Joner, qu'on a quand même connu plus inspiré dans "Les Révoltés de l'Ile du Diable", fait mine d'y croire mais sait malgré tout être touchant, Noomi Rapace, elle, y croit à fond, incarnant son personnage avec un body language des plus expressifs (posture courbée, corps recroquevillé...). Toujours superbe et totalement habitée, elle arrive à nous y faire croire, à son espèce de schizo-parano-amnésie baignée d'hallucinations. Dommage que les auteurs se soient crus obligés d'ajouter une dimension paranormale tout à fait dispensable à cette histoire car si l'ambiance de toute la première partie du film est plutôt bien posée, la fin assez grand-guignolesque affaiblit l'ensemble. Eh oui, à vouloir tout expliquer... Bref, casting : pas mauvais, réalisation: pas géniale, originalité : pas vraiment, effet de surprise : pas du tout, twist final : pathétique. Une déception.