Mud - Sur les rives du Mississippi
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Jonathan M
Jonathan M

138 abonnés 1 528 critiques Suivre son activité

3,5
Publiée le 2 novembre 2021
Ellis et Neckbone sont deux l'adolescents à qui la vie ne fait déjà pas de cadeau. L'un orphelin, l'autre vivant dans le délitement conjugal de ses parents. Leur cour de récréation ? Les rives du Mississippi. Cela éclipse totalement la misère dans laquelle ils se trouvent. C'est d'ailleurs un non-sujet, tant leur marginalité et leur sens de la débrouille prenne le dessus. Comme tout ados de 14 ans, il y a cette envie palpitante d'aventure, et croiser le chemin de Mud en devient la consécration. Un thriller viscéral sur un asocial en cavale, qui condamne sa liberté au profit d'une histoire de coeur. Jeff Nichols réalise avec brio un récit d'ampleur, bien aidé par ce duo d'acteurs prometteurs. Tout est cinéma dans le film : l'amour impossible, mêlé au syndrome de Stockholm causé par un fugitif bien trop sensé pour être malveillant. La photo sur l'Arkansas est sublime, et donne au périple une fluidité où il est difficile de ne pas être happé par la scène finale.
Patrick Braganti
Patrick Braganti

97 abonnés 425 critiques Suivre son activité

4,5
Publiée le 2 mai 2013
Cette croyance presque surnaturelle et inédite en l’amour ébranle et subjugue Ellis qui a désespérément besoin de voir une relation entre adultes fonctionner sans cris ni heurts. Les deux garçons sont mis à contribution par Mud. Ils sont amenés à fréquenter de près ou de loin des adultes dont la complexité des destinées entremêlées les fait peu à peu quitter le territoire de l’enfance et de l’innocence. Le réalisateur de Take Shelter porte son ambitieux projet depuis de nombreuses années et cette longue gestation explique en grande partie la complexité du scénario qui s’arc-boute sur des histoires parallèles et des personnages secondaires. En harmonie avec le débit particulièrement lent du fleuve, le mouvement du film est ample, élégant et fluide. Cela n’empêche nullement la violence des sentiments et des passions qui s’exacerberont dans une demi-heure finale au cours de laquelle Jeff Nichols prouve qu’il n’est pas que le cinéaste de la contemplation.

Le grand fleuve américain charrie toute une mythologie construite par les principaux auteurs, au premier rang desquels on pense ici à Mark Twain ou William Faulkner. Véhicule naturel et séculaire des cultures et des destins personnels, le Mississippi devient pour Ellis et Neckbone le lieu privilégié d’un rite de passage, ce moment précis et inscrit à jamais dans la mémoire où l’on envisage et rejoint la condition d’homme associée inexorablement à l’apprentissage de la déception (les adultes peuvent mentir et tromper) et de la souffrance (le premier chagrin d’amour). Le passage laisse aussi entrevoir les horizons nouveaux et élargis du fleuve nourricier (la pêche des poissons ou des perles) s’ouvrant sur une embouchure sans limites, riche de possibilités. Classique et lyrique, la mise en scène croit en la force viscérale et organique d’une histoire puissante s’inscrivant aussi bien dans la magnificence paradisiaque et élégiaque du paysage que dans l’honneur informel d’un pacte étrange entre un adulte affabulateur et charmant et deux enfants en quête de repères et de sens. La figure du père – centrale dans la littérature et le cinéma des États-Unis – y est multiple. Absent, faible ou encore protecteur en accomplissant les sales besognes, le père réel ou remplacé n’est plus un idéal illusoire. Ellis est désormais prêt à aimer son père défaillant qui se débat avec ses propres ennuis de couple et lui communique une image négative et peu engageante de la femme, alors que Mud la transcende et l’encense en permanence.

Porté par son histoire complexe et haletante, la splendeur de son décor profondément photogénique et l’interprétation sans failles du charismatique Matthew McConaughey (Mud) et du bouleversant Tye Sheridan (Ellis), le film permet à son réalisateur de franchir une nouvelle étape dans son travail en accédant aux grands meneurs de récit épique et fondateur.
mazou31
mazou31

101 abonnés 1 296 critiques Suivre son activité

4,5
Publiée le 6 mai 2013
Superbe film d’aventure et de jeunesse, parfois fable, parfois miroir d’une Amérique profonde, parfois loupe sur l’adolescence et ses rêves insouciants et purs. Comme le Mississippi, il s’écoule majestueusement, sans hâte, avec soudain des vortex de violences. La photographie comme le montage sont réussis et l’interprétation est parfaite : un McConaughey charismatique, deux ados extraordinaires et des seconds rôles que le réalisateur enrichit au fil de l’histoire. Tout juste pourrait-on regretter que le film ne soit pas assez bordé ; un petit quart d’heure en moins ? Une belle leçon de vie, une très belle expérience romanesque.
Misoramengasuki
Misoramengasuki

69 abonnés 399 critiques Suivre son activité

5,0
Publiée le 14 mai 2017
Alors là, chapeau ! "Take Shelter" était un film intelligent et bien fichu, mais avec "Mud", Jeff Nichols passe à la vitesse supérieure et s’affirme l’égal des plus grands cinéastes américains. Voilà bien longtemps qu’on n’avait pas vu un film qui magnifie autant l’espace, qui entre avec autant de plénitude dans le rythme de ces paysages majestueux, où la rivière se perd en méandres infinis. Du cinéma qui respire à pleins poumons ! Est-ce la présence parmi le cast de Sam Shepard, qui a signé, entre autres, le scénario de "Paris, Texas" ? Toujours est-il que Nichols fait également mouche sur le plan de la narration. Superbe histoire d’adolescents à la découverte du monde des adultes, inspirée des aventures de Tom Sawyer et Huckleberry Finn, autres enfants du Mississipi, mais revisitée à la sauce contemporaine, sur fond de crise économique et de familles recomposées. Plein de personnages traditionnels du cinéma américain se croisent et s’entrecroisent : le vieux revenu de tout, le riche salopard, le looser au grand cœur, la pauvre fille paumée... Et quels acteurs ! Matthew McConaughey et sa gueule burinée, Tye Sheridan et Jacob Lofland épatants… Même Reese Witherspoon, autrement plus convaincante que chez Spiderman. Musique parfaitement au diapason. Jeff Nichols a tout bon, et il n’a que 35 ans : ça nous promet de belles choses pour les années à venir !
Cineseba
Cineseba

46 abonnés 623 critiques Suivre son activité

4,0
Publiée le 12 juillet 2013
Le film "Mud" est un magnifique récit dramatique sur la découverte de la vie, des adolescents vivant au bord du fleuve de Mississipi ! Ces jeunes s'aventurent sur une île déserte pour oublier l'ennui. En se baladant, ils rencontrent un mystérieux vagabond en fuite. Sensibles à son parcours et à son amour à une jeune femme, ils décident à les aider à fuir des chasseurs de prime. Superbe film ! Touchant ! Très humain ! Les paysages sur le Mississipi sont à ouvrir la bouche ! Magnifique ! Ce film m'a penser aux films "Tom Sawyer" par le thème de l'âge d'innocence des jeunes en passage vers l'âge adulte et les paysages et, à "Stand by me" par leur goût à l'aventure ! Les acteurs, en particulier un jeune Tye Sheridan (Ellis), sont sublimes dans leur rôle ! A voir !
weezlesanguinaire
weezlesanguinaire

77 abonnés 457 critiques Suivre son activité

5,0
Publiée le 19 mars 2019
J ai trouvé ce film incroyable de justesse tant dans l histoire que dans l interprétation des acteurs. Franchement c'est un classique instantané du cinéma des la première vision. A voir absolument c'est ce genre de film qui me font adorer le cinéma.
saxoman
saxoman

17 abonnés 175 critiques Suivre son activité

5,0
Publiée le 13 juin 2013
Ces deux gosses de 14 ans ne sont pas des gosses ordinaires. Déjà, ils vivent dans le bayou de l'Arkansas, un coin en sursis puisque chaque maison sur l'eau abandonnée est détruite par les autorités. Le couple des parents d'Ellis aussi est en sursis et Ellis en est profondément déstabilisé. Ellis, c'est le Tom Sawyer du 21ème siècle. Quand à Neckbone, il est élevé par son oncle. Mais c'est un mystérieux vagabond dénommé Mud qui va bouleverser leur vie. Il y a un côté irréel dans ce personnage joué à la perfection par le très beau Matthew McConaughey. D'autres critiques disent mieux que moi l'omniprésence de l'amour idéal qui dicte le comportement des personnages. Mais le premier rôle, c'est la rivière, décor naturel qui renferme un monde onirique, mystérieux, fantomatique.
Pourquoi ce film n'a-t-il pas reçu plus de distinctions ? Incompréhensible ! Du grand cinéma à ne pas rater...
soniadidierkmurgia
soniadidierkmurgia

1 225 abonnés 4 203 critiques Suivre son activité

4,5
Publiée le 26 mai 2019
Jeff Nichols est le cinéaste qui monte dans le cinéma indépendant américain, certains critiques voyant en lui le fils spirituel d’un Terrence Malick devenu un peu moins lumineux depuis qu’il s’est décidé à sortir plus d’un film tous les quinze ans. Il est clair dès l’entame de « Mud » que Nichols voue le même amour que Malick à la nature mais la mystique de ce dernier ne semble pas autant habiter Nichols bien conscient que c’est dans un rapport d’affrontement et de domination souvent brutale que l’homme inscrit son rapport à dame nature. En réalité c’est peut-être davantage du côté de Robert Mulligan et en particulier de son dernier film « Un été en Louisiane » qu’il faut chercher une parenté à Jeff Nichols. Mulligan, grand cinéaste humaniste un peu sous-estimé aura eu pour thématique la plus récurrente l'enfance et plus précisément la période de l'adolescence. Des films comme "Du silence et des ombres", "Un été 42", "L'autre" ou "Un été en Louisiane" expriment tous de manière poétique et très juste les joies et les inquiétudes de ce moment si particulier qui façonne l'adulte qui sommeille en chacun de nous. "Un été en Louisiane" sorti en 1991 évoque l'éveil à la sensualité et l'entrée dans l'adolescence de la jeune Dani sujette à l'émerveillement provoqué par des sentiments nouveaux comme l'amour ou la douleur face à l'apprentissage de la frustration qui accompagne souvent l'âge adulte. Evoquer "Un été en Louisiane" à propos de "Mud" n'est pas neutre si l'on se rappelle que c'est avec ce film que Reese Whiterspoon avait été révélée brutalement au grand public pour son premier film. Il n'est pas vain de se poser la question de savoir si Jeff Nichols n'a pas voulu en faisant appel à l'actrice vingt ans plus tard prolonger dans une autre histoire le destin de Dani qui a forcément ému tout ceux qui ont eu la chance de voir "Un été en Louisiane". Comme Dani autrefois dans sa ferme de Louisiane, Ellis (Tye Sheridan) et Neckbone (Jacob Lofland) courent à perdre haleine pour rejoindre le nouveau repère de leur connivence enfantine, une île du Mississipi où s’est échoué au sommet d'un arbre, un bateau égaré lors de la dernière grande inondation. Comme Dani ils vont y faire une rencontre, celle de Mud (Matthew McConaughey très convaincant) sorte de Robinson Crusoé provisoire qui ne s’est pas échoué là par hasard, revenant sur les traces de son amour d’enfance alors qu’il est en fuite de la police et de tueurs à ses trousses . Une étrange relation va se nouer avec Ellis qui à travers la quête désespérée de Mud, va tenter par procuration de réunir ses parents qui sont en train de se séparer, déclenchant du même coup la perte de la "maison-radeau" sur laquelle ils vivaient tous ensemble depuis sa naissance. Voyant son enfance le quitter à toute vitesse, Ellis se raccroche à Mud, à son île et à son bateau pour demeurer encore un peu sur ce territoire de liberté et d’innocence qui va se trouver englouti dans les eaux saumâtres et remplies de serpents du Mississipi. Pour Ellis plus que pour Neckbone, le compagnonnage avec Mud prendra l'allure d'un parcours initiatique derrière un adulte qui à travers sa fidélité héroïque et sacrificielle à son amour d'enfance semble être le plus rassurant des guides pour aborder ce passage difficile. Jeff Nichols inscrit donc ses pas dans ceux des plus grands écrivains ou réalisateurs américains qui comme Mark Twain ("Les aventures de Huckleberry Finn"), Robert Mulligan , Steven Spielberg ("ET") , Rob Reiner ("Stand bye me") ou JJ Abrams ("Super 8") ont su restituer sur papier ou sur pellicule toute la magie de cette courte et mystérieuse période où tout bascule . Pour qu'il n'y ait pas de doute sur cette filiation, Nichols rend d'emblée un très court hommage au joyau du genre, le mirifique et inquiétant "La nuit du chasseur" de Charles Laughton (1955). Le spectateur attentif remarquera forcément ce magnifique plan rasant les rives où sont stationnées les "maisons-radeaux", allusion directe à celles de la fameuse rivière le long de laquelle les enfants Harper fuyaient le pasteur criminel joué par Robert Mitchum. Référentiel tout en sachant trouver sa propre vitalité, le troisième film de Jeff Nichols dans lequel on n' a pas peur de dire "je t'aime", confirme après "Take Shelter" les dispositions rêveuses et poétiques d'un grand réalisateur en devenir.
Acidus
Acidus

752 abonnés 3 742 critiques Suivre son activité

3,0
Publiée le 4 mai 2013
Bien que d'un genre cinématographique différend de "Take Shelter", "Mud" souffre des mêmes défauts et bénéficie des mêmes qualités que le précédent long métrage de Jeff Nichols. Si l'histoire est attrayante et plutôt bien menée, le scénario n'évite pas les répétitions et les longueurs qui vont avec. Ce rythme irrégulier a pour conséquence une alternance de scènes franchement poignantes et intenses et d'autres beaucoup plus dispensables. Rien à redire sur le casting (de trés bons acteurs au programme) et sur la réalisation. Pas mal mais légèrement déçu.
alain-92
alain-92

326 abonnés 1 078 critiques Suivre son activité

4,0
Publiée le 5 mai 2013
Après l'Arkansas et l'Ohio, Jeff Nichols pose ses caméras, sur les rives dangereuses et boueuses du Mississipi. Il filme son enfance, ses souvenirs. Ce troisième film d'un classicisme exemplaire est parfaitement réussi. Tout simplement beau. Le scénario d'une grande simplicité, n'en est pas moins riche en émotions et beauté des sentiments. Premiers pas d'un jeune garçon dans l'adolescence, en manque et en quête d'amour. Ellis, sans repère aucun, n'est autre que Tye Sheridan, tout à fait remarquable. À ses côtés, son ami Neckbone, le tout jeune Jacob Lofland qui, lui, semble se contenter de ce que la vie lui donne, il ne démérite pas non, plus. Tous deux, comédiens en herbe, témoignent d'un véritable talent et d'une incroyable présence. Face à eux, un homme à la dérive, paumé et superstitieux pour être véritablement inquiétant, il saura transmettre, une voie possible à suivre. C'est le génial et surprenant Matthew McConaughey qui incarne Mud. Un acteur qui n'en finit plus d'étonner. D'un univers à un autre, il excelle chaque fois davantage. Les seconds rôles avec le génial Sam Shepard ou Reese Witherspoon ou encore les courtes apparitions de Michael Shannon ne manquent pas d'intérêt et participent grandement à la réussite de l'ensemble. Le film manque parfois de rythme. Je ne l'ai pas regretté. Aucune envie de quitter ce décor magnifique, ces somptueuses images, et ces personnages attachants qui nous entraînent dans des moments souvent déchirants. Ce film m'a porté de bout en bout.
halou
halou

127 abonnés 1 532 critiques Suivre son activité

4,0
Publiée le 31 mai 2014
Confirmation du talentueux Jeff Nichols. Tout est peaufiné techniquement que ce soit la fluidité de l'histoire, la musique, le casting impeccable avec de beaux rôles secondaires. On n'en ressort pas indemne vu l'émotion subtile distillée tout au long du film et l'interprétation personnelle que le spectateur peut en faire .
willyzacc
willyzacc

80 abonnés 1 544 critiques Suivre son activité

4,5
Publiée le 16 mai 2013
Jeu d'acteur remarquable, une caméra maîtrisée qui enchaîne les plans "Malickiens" et nous fait découvrir cette île, cette ville et le Mississippi comme si on y était. Cette histoire et en plus très bien scénarisée et montée et ne perd pas d'intensité tout le long. Ce film est un petit bijou et Jeff Nichols s'impose non plus comme un cinéaste à suivre, mais comme un auteur à part entière. Coup de coeur.
ninilechat
ninilechat

76 abonnés 564 critiques Suivre son activité

4,5
Publiée le 4 mai 2013
Inutile de vous dire d'aller absolument voir Mud: le bouche à oreille a fait son effet. Dans ma petite salle de banlieue (pas si petite que ça d'ailleurs), mercredi 1 mai à la première séance, la salle était pleine. A la séance d'après, tout le monde n'a pas pu rentrer. La qualité paye, contrairement à ce qu'en pensent les petits messieurs de notre cinéma exception-culturelle français, qui continuent à nous proposer des Profs à St Tropez et des Sales gosses à Hazebrouk. Y a personne, mais ils s'en foutent, les aides publiques les font vivre.

Pour Mud, la profession critique s'est fendue de toutes sortes de flatteuses comparaisons. Pour le cinéma, Terence Mallick (dont le réalisateur a été l'assistant) -deux jeunes gens en cavale dans une nature majestueuse-; pour les personnages, Mark Twain évidemment; à Un monde parfait, encore, bref, rien que du bon... Moi j'ai beaucoup pensé aux Bêtes du Sud sauvage qui mettent en scène, de la même façon, ce qu'on pourrait appeler la civilisation-des-bords-du-fleuve. Des fauchés qui n'ont pas de terre et se construisent leur paradis amarré à la rive. On retrouve ces incroyables habitations hétéroclites, morceaux de caravanes, pontons.... Ici plutôt coquettement meublées! Et ici, les autorités les tolérent, tant qu'elles sont habitées. Mais, des qu'elles sont désertées, c'est la destruction. Pour des gamins, qui vont où ils veulent à bord d'une petite barque, c'est le royaume de la liberté, auquel ils ne renonceraient pour rien au monde. Ces gens là ne conçoivent pas d'autre vie. Imaginez les, en France, ils courraient les plateaux de télé accompagnés de militants du droit-à-ci-droit-à-ça, puisque chez nous tout le monde a des droits et jamais de devoirs, exigeant dêtre relogés correctement. Il y a vraiment des positions inconciliables entre nous et nos amis d'outre-Atlantique.... Le Mississipi est donc un acteur à part entière, dont je n'imaginais pas qu'il puisse déja être aussi énorme, énorme comme le Mékong, à cent (ou plus) kilomètres de son embouchure.

Le jeune Jeff Nichols, c'est l'auteur du formidable Take Shelter, et là, c'est sûr: c'est la découverte d'un futur et déja très grand du cinéma US.

Donc, deux gamins de quatorze ans laissés, il faut bien le dire, pas mal à eux même. Neckbone (Jacob Lofland) est orphelin. Il vit avec un oncle, lui même passablement zozo, qui va chercher, dans les fonds boueux de la rivière, les huîtres d'eau douce qui peuvent contenir de grosses perles irrégulières, équipé d'un scaphandre lesté dont le modèle a été inventé au Moyen Age (Michael Shannon, le héros de Take Shelter, justement). Neckbone est un suiveur. Il admire passionnément son copain Ellis. Il n'est pas souvent d'accord avec les initiatives de celui ci, mais toujours, il finit par trotter derrière. Avec Ellis (Tye Sheridan), Jeff Nichols nous donne un magnifique portrait d'ado. Ellis est épatant. Courageux, aventureux -on peut même dire chevaleresque (chevalier blanc, il se ramasse pas mal de marrons....)-, il croit très fort à l'amour. Il est lui même amoureux d'une copine, une grande de seize ans! et surtout, il voit que se parents sont sur le point de se séparer, ce qui le trouble beaucoup. Son père, un peu brut de décoffrage, un peu rustre, appartient complètement à la civilisation-des-bords-du-fleuve; d'ailleurs, que saurait il faire d'autre que vendre du poisson? Et sa mère (Sarah Paulson) pense qu'elle mérite une vie meilleure, dans d'autres conditions, et veut s'installer en ville. Avec Ellis, bien sû aime également ses deux parents et ne veut pas choisir -mais, en tous cas, pas quitter le Mississipi.

Ellis et Neckbone ont repéré, dans une île (une grand île, d'ailleurs, assez grande pour être traversée par un ruisseau où grouillent les mocassins d'eau), un bateau dans un arbre, reste d'une crue antérieure (on imagine les crues...). Ils vont se l'approprier, en faire leur domaine secret, leur tanière! Malheureusement, quand ils viennent prendre possession de l'embarcation, ils constatent qu'elle est habitée. Par Mud, un fuyard qui a tué un homme. Le sublime Matthiew McConaughey arrive à être.... sublime, même couvert de crasse et le cheveu en sortie de bouillon. Il leur raconte son histoire: il a tué un homme pour défendre sa fiancée Juniper (Reese Witherspoon), brutalisée par un héritier qui, en lui filant des coups de pied dans le ventre, lui a enlevé toute chance d'avoir un jour des enfants. Il est poursuivi par les chasseurs de prime engagés par le père de l'héritier. Bien sûr, Mud est protégé puisqu'il a un oeil de loup cousu sur sa chemise, et deux clous en croix dans le talon de sa botte. Mais enfin, il faut l'aider en lui procurant tout le matériel nécessaire à retaper le bateau....

Le spectateur a tout de suite compris que Juliette a la cuisse légère, qu'elle est toujours prête à aller au lit avec celui qui lui paye un verre, et qu'elle n'a pas l'intention de fuir avec Mud; il a compris aussi que Roméo est un sacré affabulateur, et que ce qu'il narre aux enfants émerveillés peut être assez éloigné de la réalité. Mais aux yeux d'Ellis, c'est l'amour! Celui qui ne décoit pas, celui qui survit aux épreuves, et il s'engage à fond dans le sauvetage de Mud, fouillant les décharges, suivi comme une ombre par Neckbone, portant les messages à la belle...

Ajoutez à cela qu'il y a le cher Sam Sheppard dans le rôle d'un ancien tireur d'élite atrabilaire, qui a servi de père adoptif à Mud, mais désaprouve tout à fait son idylle.... Encore un qui vit sur le fleuve.

Il va y avoir bien des péripéties pendant ces deux heures qui passent comme une. C'est un film d'aventures -on peut le prendre comme cela, gendarmes et voleurs, hors la loi et chasseurs de prime. Et n'oubliez pas les sepents à la morsure mortelle.... Mais, c'est avant tout -un chef d'oeuvre, juste.... Poétique et vrai, sociologique et onirique, l'histoire du passage de l'adolescence, de l'apprentissage de la vie, la vraie, celle ou Roméo et Juliette finissent par se lancer des casseroles et des injures à la tête. Ellis s'en sortira, parce que c'est un petit garçon épatant.

C'est un film merveilleux. Qui a la grâce. Qui mériterait ses cinq étoiles, si ce n'est que la fin... est un peu facile. Mais bon. A voir plutôt deux fois qu'une!
Cluny
Cluny

81 abonnés 593 critiques Suivre son activité

3,0
Publiée le 5 mai 2013
J'ai manqué "Take Shelter" à sa sortie, et depuis je ne l'ai toujours pas vu, malgré les excellentes critiques dont il a bénéficié. Les critiques à nouveau très positives pour ce troisième film de Jeff Nichols ainsi que l'évocation de l'inspiration de Terrence Malick m'ont donc encouragé à aller le voir sans a priori mais avec une curiosité bienveillante. Bilan, voilà un des films dont je sors sans trop savoir ce que j'en pense, ni enthousiasmé ni non plus agacé d'où la note légèrement au-dessus de la moyenne. C'est face à ce genre de film que s'impose la limite de la subjectivité de l'exercice critique : est-ce de la faute du film s'il m'a laissé sur la berge, sans jeu de mots, ou est-ce parce que j'avais la tête ailleurs que je n'ai pas fait l'effort de m'immerger dans cette histoire ?

Quoi qu'il en soit, j'ai vu le film et je peux quand même en dire quelques mots. L'histoire se déroule en Arkansas sur les bords du Mississipi, et Jeff Nichols ne cache pas s'être inspiré de deux autres ados célèbres le long du fleuve, Tom Sawyer et Huck Finn ; il a notamment repris l'idée de la croix dans l'empreinte de la botte de Mud au personnage du vieux Finn. On retrouve d'autres similitudes, comme le fait que Neckbone soit élevé par son oncle (joué par Michael Shannon), pendant de la Tante Polly, ou l'île au milieu du fleuve où Tom, Joe et Huck jouent aux pirates. J'ai pour ma part plutôt pensé à "Suttree", le chef d'œuvre de Cormac McCarthy, qui se passe le long d'un autre fleuve, le Tennessee, et où la géographie des lieux impose aussi les conditions de l'histoire, avec la pauvreté et la difficulté de vivre des petits boulots dépendant de l'économie de la rivière.

J'ai lu que certains évoquaient Speilberg, sans doute sur la place des enfants dans le récit comme dans "E.T.", "L'Empire du Soleil" ou "A.I.". La scène introductive montrant Ellis et Neckbone s'échappant de chez eux pour accomplir leur expédition m'a plutôt évoqué "Stand by Me" de Rob Reiner, car si les deux adolescents ne vont pas à la découverte d'un cadavre mais d'un bateau perché dans un arbre, la dimension initiatique de ce voyage est tout aussi évidente. Parce qu'il découvre vite que Mud est en fuite à cause d'un meurtre qu'il a commis par amour, et alors que lui-même vit à la fois la désillusion d'une première histoire d'amour et la séparation de ses parents qui annoncent la destruction du logement flottant où il habite, Ellis projette sur lui ce que les autres modèles adultes ne peuvent lui offrir.

la suite sur Les Critiques Clunysiennes
MaxLaMenace89
MaxLaMenace89

63 abonnés 282 critiques Suivre son activité

4,0
Publiée le 27 mai 2013
Drame naturaliste et initiatique fort en émotions, MUD confirme le talent inévitable de Jeff Nichols, capable de traduire par l'image et le récit l'odeur contemplative du bayou, le mythe des fantasmes enfantins et la rudesse du monde social contemporain, le tout en mélangeant les genres. Un peu hésitant parfois, mais indéniablement une belle réussite.
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