En 2012, le britannique Gareth Evans, exilé dans sur la péninsule indonésienne, livre un film d'action gonflé à la vitamine, un long métrage aussi simple que brutal. Sans la moindre fioriture narrative, le cinéaste nous plonge rapidement dans un chaos chorégraphié diablement divertissante, et ce, en dépit de moyens financiers peu substantiels. Universel en dépit de son caractère asiatique, The Raid s'affiche comme le grand représentant oriental face aux machines hollywoodiennes, qui elles, n'osent jamais aborder l'action frontalement, sans émotion ni discours vaseux. La force, sans doute, de Gareth Evans fût d'avoir parié sur le chaos, moyen radical pour rationaliser les dépenses tout en offrant du divertissement violent, celui-là même recherché par les aficionados au sortir de la première bande-annonce.
Sur ce point, The Raid est une réussite du fait d'un contrait rempli. Malgré tout, le film manque sincèrement de profondeur. La quasi absence de scénario, un temps soit peu intriguant, induit dès lors une vision quasiment impersonnel de l’œuvre. Cette faiblesse, qui pourrait se comprendre en regard aux arguments susmentionnés, est renforcée par le manque cruel de charisme des personnages. Oui, en dépit de leurs talents évidents pour ce qui est de la cascade, de la chorégraphie et de la démonstration de force, les différents intervenants sont soit caricaturaux, le grand méchant, soit complètement lisses, le héros, notamment. On peine alors à s'identifier aux policiers, aux criminels, tous de bêtes personnages ayant une fonction mais non une âme.
Par ailleurs, The Raid, film d'action en huis clos, ne brille pas par la variété de ses décors. Simples salles de combat successives, les différentes sections de la tour prise d'assaut par le police n'éblouissent jamais. Pire encore, elles sentent fortement le décors de studio,préfabriquée démontable servant d'environnement variable aux scènes de combat. Dès lors, le film semble artificiel, du moins, tourné dans un univers artificiel.
Pourquoi alors The Raid est-il si réjouissant? Eh bien tout simplement parce qu'il en jette. Les nombreuses scènes d'action, pas les fusillades, non, mais bel et bien les combat chorégraphiés, sont tout simplement d'une intensité diabolique. Les morts s'enchaînent, les machettes, les couteux et autres haches sifflent dans le vent et se plante dans la chair à un rythme improbable mais jubilatoire. Par ailleurs, ces mêmes scènes ne sont jamais concises mais toujours suffisamment longues pour que le spectacle se transforme en jubilation. Voilà donc un film d'une simplicité implacable mais diablement efficace. Gareth Evans sait sans conteste y faire, et nous, nous apprécions. 13/20