Pour me remettre dans le bain à l'occasion du visionnage du second volet, j'ai décidé de revoir "The Raid", dont le seul souvenir qu'il me restait était la dernière scène de combat.
Et si je ne me rappelle pas de l'avis que j'en avait au premier visionnage, je dois avouer que là, j'ai pris mon pied pendant plus d'une heure et demie.
Mais autant commencer par ce qui ne va pas : l'écriture du long-métrage.
Que Evans veuille faire un film d'action au scénario minimaliste, ça me convient très bien. On enlève le gras, on ne garde que l'essentiel, afin que tout soit limpide et donc efficace.
Malheureusement, quand le minimum qui persiste est aussi convenu et inintéressant, difficile de ne pas trouver ça dérangeant.
L'intention aurait du être menée jusqu'au bout, avec une base qui ne sert que de point de départ au délire jouissif de Evans.
Et dans ses premiers instants, c'est dans ce sens que "The Raid" semble vouloir se diriger : un groupe d'intervention de la police, avec en son sein Rama, expert en silat (art martial local), va monter un à un les étages d'un immeuble afin d'y arrêter un baron de la drogue notoire.
Schéma narratif simple, qui emprunte la construction d'un jeu-vidéo, qui n'avait certainement pas besoin de toutes ces sous-intrigues, comportant : histoires de corruptions, vengeance personnelle et même une révélation finale qui atteint des sommets d'inutilité.
Le tout se révèle donc trop construit pour se poser comme simple prétexte aux scènes d'action, mais trop inintéressant pour faire oublier la répétitivité qui s'installe lors de ces instants narratifs.
Mais, une fois tout cela mis de côté, "The Raid" est surtout un divertissement profondément jouissif et cela, en grande partie, grâce à la mise en scène de Gareth Evans, qui ne se refuse absolument rien.
Pour tout dire, je n'avais pas vu une telle virtuosité depuis les grands moments de Tsui Hark, avec lequel Evans partage une énergie, un sens du rythme et du cadre tout simplement bluffant.
Et c'est avec cette volonté, celle d'offrir un divertissement généreux qui ne se moque pas de son spectateur quand il lui promet de l'action brute, que le cinéaste va déployer une inventivité et une intelligence rare dans chacune de ses scènes d'action, toutes plus intenses, viscérales et furieuses les unes que les autres, qui démontrent à elles seules tout le talent de metteur en scène de Evans, qui cherche une façon originale de donner vie à son image à chaque nouveau plan.
C'est grandiose, surtout qu'il est assez malin pour se renouveler constamment, ce qui pallie un peu à la répétitivité du récit.
"The Raid" est donc un divertissement honnête porté par un cinéaste virtuose, et c'est suffisamment rare pour être souligné.
Cependant l'intention de base, cherchant un film épuré (jusque dans ces décors), aurait dû être menée jusqu'au bout.
Il serait toutefois difficile de bouder son plaisir face à une oeuvre aussi généreuse, à la force formelle aussi démesurée.