The Raid rappelle les bonnes heures de ces journées passées aux bornes d'arcade. Une pièce insérée, une vie de gagnée et des containers entiers d'ennemis à zigouiller. À mains nues, au pistolet, à l'arme blanche ou au gourdin, un seul but : en venir à bout et en vie si possible. Le plaisir était simple et régressif, Die Hard Arcade ou Fighting Force nous ont permis d'en profiter à fond. Mais les codes d'un beat'em up sont-ils adaptables au 7ème Art ? En ce qui me concerne, la réponse est non.
Les paramètres régissant la suspension d'incrédulité varient du tout au tout d'un support à l'autre. Un jeu peut s'affranchir de certaines formes de crédibilité ou de narration puisqu'il ne repose pas nécessairement dessus selon l'approche ou le genre. Or, un film doit au contraire jouer de ces contraintes pour obtenir une sorte de continuité logique. Si vous inscrivez votre long-métrage dans un univers vraisemblablement réaliste, vous avez néanmoins la possibilité de vous accorder certaines libertés afin de rendre le récit plus fluide. Le tout est de trouver un point d'équilibre entre ce que vous voulez montrer et ce que vous voulez raconter. Chose que The Raid ne parvient jamais à trouver, puisque l'histoire très premier degré est non seulement indigente mais complètement stupide. Au niveau de la structure, c'est on ne plus clair : un étage, un niveau, avec arme, on grimpe au suivant, on recommence mais sans arme jusqu'au boss final. Voilà. Gareth Evans se ratatine dès qu'il tente de narrer, avec des rebondissements d'un cliché absolu et des gros bêtas en guise de personnages. Le cœur du projet, c'est la tatane. Le problème, c'est que ce crédo finit aussi par jouer contre lui.
Les cascadeurs font indéniablement preuve d'une énergie redoutable. Mais à partir du moment où vous devez accepter l'idée que TOUS les protagonistes sont des esthètes du kung-fu et manient le couteau comme des épéiste hors-pair, les chorégraphies virevoltantes finissent par lasser assez rapidement. La mise en scène n'est pas réellement en cause puisqu'elle met en valeur les performances physiques ahurissantes. Il y a du soin pour que les cadrages soient lisibles, et la sauvagerie des empoignades prend presque aux tripes. Oui, presque. Parce que la surenchère gratos ça ne compense pas l'absence d'enjeux, ça ne rachète pas les (énormes) facilités et ça ne permettra certainement pas de s'intéresser à ce qui se passe. Voir des surhommes se taper dessus pendant 1h40 (sur des musiques qu'on croirait sortir d'un Mortal Kombat) avec pour ainsi dire RIEN à quoi se rattacher, ce n'est pas un horizon cinématographique et encore moins une percée dans le cinéma d'action. Tout au plus une forme plus physique de destruction porn.
Bref, très loin des références du genre qui se sont imposées autant par leur écriture, le jeu des comédiens que la démonstration de force. Ôtez les outils principaux permettant à une histoire de fonctionner (crédibilité, dialogues, péripéties) et vous vous retrouvez avec un jeu vidéo. Un contre-sens déplorable sur le médium.