Voici donc LE film d'action qui a écumé les festivals en se construisant une solide réputation. L'Asie a été le centre du monde de l'action cinématographique, mais ce n'est pas si souvent que l'Indonésie nous envoie un de ses représentants. Et de fait, le film mérite le buzz qui le précède tant il synthétise les meilleurs côtés du film d'action hongkongais, coréen ou japonais, tout en lui donnant un sacré coup de fouet.
La banlieue de Djakarta. Une unité de flics investit un immeuble tenu par la pègre pour en déloger le grand chef, refugié au dernier étage. Sans soutien ni renforts, la bande de bleus et leurs deux chefs se retrouvent face à une véritable armée qui les traque étage après étage. Après les échanges de coups de feu vient le temps des combats à mains nues.
Le premier plaisir quasi immédiat est de retrouver après tant d'années un style se rapprochant de celui de John Woo. Même si le film compile d'autres influences plus récentes et plus variées (Tsui Hark pour ne citer que lui), c'est la filiation avec l'œuvre asiatique de John Woo qui frappe. Violence aveugle, personnages volontairement binaires, famille, honneur, aucun soucis du réalisme, on croirait reconnaître la patte du maître avec un sérieux lifting, en particulier à travers une noirceur et des décors poisseux rappellent beaucoup les dernières livraisons du vigoureux cinéma coréen. Peu de lumière, peu d'espoir, un monde qui semble tomber en ruines, de quoi créer le décor parfait pour un déchaînement quasi ininterrompu de haine et de violence.
The Raid a donc réussi de belle manière a faire la synthèse entre ces genres pour nous offrir un très beau moment, d'une grande sauvagerie, sans oublier qu'un film de ce genre ne peut se bâtir que sur le mouvement et le tape à l'œil. Car si les combats sont très impressionnants, le film parvient surtout à exploiter pleinement son décor de huis-clos pour faire monter la pression , l'angoisse et la peur. En particulier dans une mise en place millimétrée qui nous mène avec une grande fluidité vers la boucherie attendue. Une fois la grenade dégoupillée, et au fur et à mesure que les pions tombent, le réalisateur sait gérer les temps morts, et même créer de vraies scènes de cinéma quand deux flics apeurés se refugient chez le seul habitant honnête de l'immeuble.
Quand à la castagne, il faut avouer qu'elle est souvent épatante, avec une façon de filmer en rapproché très efficace, à défaut cependant d'être virtuose dans l'espace. Le seul bémol à apporter à cet emballant film indonésien est probablement cet effet répétitif en milieu de film que créent ces incessants combats à mains nues. Faible prix à payer pour se faire décoiffer de la sorte, de quoi donner des cauchemars à tous les action-makers américains mous du genou.Un film à réserver néanmoins de manière exclusive aux amateurs du genre.
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