Je ne suis pas d'accord avec ces critiques qui parlent de chef-d’œuvre alors que cette romance assez triste, qui certes bénéficie d'une jolie réalisation et d'une approche atypique au demeurant, s'avère au final plutôt convenue, sans grande ampleur et guère optimiste. Malgré les instants de solitude, il y a beaucoup trop de blabla qui, en fait, ne mène pas bien loin. Tom Cullen (3e du nom) a reçu un prix de meilleur jeune espoir du ciné indé britannique; il le mérite sans doute. Voilà un acteur magnifique, crédible dans son rôle. La mise en scène, simple, délicate, rend l'historiette plaisante à visualiser; on la sent néanmoins trop effacée. Au-delà, le film aurait pu transmettre davantage d'émotions, privilégier plus de contrastes voire oser les confrontations vives; or l'ensemble paraît manquer de vie, dans un souci semble-t-il trop didactique d'exprimer le positionnement des personnages et de se complaire dans les situations de doute et d'incertitude. Que la relation toute fraîche qui unit Russel et Glen puisse donner lieu à ce type d'échanges cérébraux un peu trop posés et introspectifs, cela semble quelque peu exagéré. L'idée du dictaphone permet d'accrocher les sujets mais un truc pareil reste difficile à imaginer. Si le scénario vise entre autres à s'éloigner des clichés gay éreintants, on n'évite pas non plus l'écueil un peu désolant des pédés qui boivent, fument ou se droguent
(soufflage mutuel de coke dans la bouche, cette merde addictive). Déjà que la scène de leur rencontre est complètement zappée, voilà qu'on nous inflige une baise de type conventionnelle; on montre juste ce qu'il faut de sperme au bon endroit, au-dessus du nombril. Et puis le coup du je te fais la réponse niaise du père-modèle que tu n'as pas eu, ça fait un peu démo plaquée, surtout de la part de Glen le mec assumé mais détaché. Pareil pour le pote-cœur sur la main.
En gros, on élude le soufre: ça reste bien gentillet! Ces reproches constituent à la limite des faiblesses qu'on peut minimiser. Ce WEEK-END en point d'interrogation parvient tout de même à générer une petite émotion. On a donc un beau produit cependant trop lisse, gâché par un discours qui sent le consensuel, épicé d'une pseudo provocation inutile et énervante (prise de stupéfiant) et décevant en terme d'intensité. On reste sur sa faim car on aurait aimé échapper aux enfilades de banalités qu'on nous livre ici. En conséquence, ce film, à la fois agréable, quelque peu fade et irritant, ne laisse pas un souvenir marquant.