En 1954, à Osaka, un prisonnier de guerre américain aide un yakuza à s'échapper de la prison où ils sont tous deux détenus. Pour payer sa dette, le gangster japonais le fait libérer à son tour et l'invite à rejoindre son clan...
Après les abandons des duos Daniel Espinosa/Michael Fassbender et Takashi Miike/Tom Hardy, le projet "The Outsider" s'est donc concrétisé pour Netflix entre les mains de Martin Zandvliet ("Les Oubliés") et Jared Leto, repectivement derrière et devant la caméra. Le film nous narre l'ascension fulgurante (et tout de même trop belle pour être vraie) de ce soldat américain au sein de la pègre nippone dans le contexte plutôt séduisant de l'après-défaite de la Seconde Guerre Mondiale. Seulement, cette toile de fond originale ne va finalement pas servir à grand chose dans l'odyssée très classique de ce "gaijin" dans le milieu yakuza.
Hormis le décorum japonais, l'anti-américanisme primaire et quelques combines en relation avec les restes matériels des anciens affrontements, "The Outsider" s'embarque dans une histoire de gangsters on ne peut plus banale avec tous les ingrédients que l'on était en droit d'attendre (et ce, peu importe l'époque ou le lieu) : une rivalité de clans entre la vieille et la nouvelle garde, une histoire d'amour interdite et une trahison entre frères yakuzas dans lequelles l'outsider américain se retrouve pris au piège.
Rien de transcendant donc, même la forme ne fait parfois pas dans la grande subtilité (comme avec ce combat de sumos au moment de la rencontre entre les deux grands chefs de clans) et il est fort dommage que le personnage principal n'en reste qu'au stade de la silhouette jamais véritablement creusée (la réapparition d'un élément de son passé en cours de route ne sera là que pour symboliser encore un peu plus sa rupture avec lui).
Néanmoins, "The Outsider" se laisse suivre sans déplaisir et si le film ne représente pas une innovation grandiose dans le domaine, force est de constater qu'il sait plutôt bien nous impliquer dans le déroulement d'une histoire dont on semble déjà tout connaître par avance. L'immersion dans cette pègre japonaise pétrie de traditions et d'un code d'honneur amené à être malmené fonctionne toujours, la distribution est convaincante (Jared Leto la joue aussi intense qu'un Christian Bale un jour de grande dépression et les acteurs japonais sont très bons dans l'ensemble) et, techniquement, on n'a pas grand chose à reprocher à "The Outsider" tant le film, comme le reste, fait dans les recettes classiques, éprouvées et efficaces (la photographie aussi sombre que les personnages qui l'habitent est d'ailleurs très chouette).
À son terme, si l'on est conscient d'avoir passé un pas si mauvais moment, reste ce sentiment d'un respect un peu trop prononcé du cahier des charges du genre qui laisse un goût de "tout ça pour ça" en bouche. Un problème décidément redondant dans bon nombre de productions Netflix récentes qui semblent, sans livrer forcément toujours un produit déshonorant, rester à la surface de leurs sujets pour éviter la moindre surprise susceptible de froisser une majorité de spectateurs. Et vu la qualité des forces convoquées à chaque fois, ça en devient de plus en plus frustrant...