Le réalisateur Jaume Collet-Serra retrouve Liam Neeson, qu’il avait déjà dirigé dans Sans identité, pour un thriller d’action tendu, d’une redoutable efficacité à défaut d’être réellement original. Cousu d’un même fil blanc grossier que quelques standards des années 80-90, je pense notamment à Die Hard, Ultime décision, Air Force One ou encore plus précisément aux deux volets de Speed, Non-stop est un film d’un autre temps, un film d’action parachuté qui se laisse dévorer mais qui démontre aussi une certaine naïveté. Aussi improbable qu’efficace, le scénario n’est ici qu’un schéma, une volonté du cinéaste et de son scénariste de faire simple mais attrayant. Un avion en survol de l’Atlantique, un héroïque mais fatigué Marchal de l’air, un ou des méchants terroristes aux velléités diverses et de l’action, la recette simpliste mais qui à démontrer sa logique dans les décennies précédentes.
Liam Neeson retrouve une fois encore le rôle du héros vieillissant mais jamais réellement amoindri. Si je n’avais pas trouvé l’acteur irlandais saisissant dans Taken, notamment, ou encore dans Sans identité, ici le bonhomme semble être le seul réel atout du film de Collet-Serra. Non pas que l’histoire de son personnage soit trépidante, loin de là, mais l’acteur joue très habilement l’homme alerte franchement mis à mal. Son interprétation laisse entrevoir bien d’avantage que ce qui compose le simple héros d’action, l’homme ayant un fort potentiel dramatique qu’il n’a ici pas oublié à la maison. Heureusement, donc, Liam Neeson étant en forme, le film ne bascule jamais vraiment dans la caricature, ou alors en de très rares occasions. On ne peut malheureusement en dire de même du reste du casting, trop léger, et surtout d’une Julianne Moore n’étant clairement pas à sa place dans ce type de production. La célèbre actrice ne semble décidément pas faite pour jouer la potiche. Mauvais choix donc.
Coté mise en scène, Jaume Collet-Serra n’exploite que partiellement le filon. S’il s’avère efficace dans les scènes d’action opposant deux, voire trois, protagonistes, le réalisateur manque le coche lorsqu’il s’agit des plans extérieurs. Dès lors, dès les parois de l’avion franchies, les plans puent le CGI bon marché. Mais pouvait-on attendre autre chose de ce type de production? Dans le fond, Non-Stop s’affiche comme un film ayant oublié d’apparaître à son époque propice et qui débarque en 2014 pour satisfaire quelques nostalgiques des années Bruce Willis, Kurt Russell ou encore Sylvester Stallone. Accessoirement, pour ne pas spoiler les quelques cinéphiles qui n’auront pas encore eu le temps ou l’occasion de se pencher sur ce film d’action, les motifs à la débandade sont eux aussi improbables, carrément téléphonés. Peu importe.
Le plus drôle dans tout ça c’est que le cinéaste s’affiche clairement comme metteur en scène d’un film d’action mais qu’il maîtrise bien d’avantage les séquences dramatiques. Le film, pas original pour un sous, trouve pourtant très rapidement son rythme de croisière grâce à quelques échanges sympathiques entre les passagers et le Marchal. Notons que l’idée des texto, d’abord logique, finit par peser sur les esprits. Pont trop aisé vers une communication hasardeuse entre le vilain et le gentil, la technologie que nous connaissons tous noie le film dans un déluge de sonnerie de téléphone plus ou moins appréciable, c’est selon. Au final, Non-Stop s’affiche comme un bon divertissement, pour les nostalgiques. Si l’occasion se présente, n’hésitez pas. 11/20