Avant même d'essayer de mettre en forme mon avis sur Nymph()maniac Vol.1 un questionnement m'a tiraillé. Par delà la critique pure (et réfléchie), qu'elle note mettre à ce film ? Comment juger de manière définitive une œuvre charcutée par ses producteurs pour la rendre plus diffusable ? Est-ce seulement le bon ordre des scènes que nous avons devant les yeux ? Mais bref... Je me suis donc simplement fié a mon ressentit, qui m'indiquait une fourchette de 7-8/10. Seulement, le génie de ce réalisateur VISIONNAIRE (n'en déplaise à ses détracteurs) qu'est Lars Von Trier, ne pouvait se cantonner à un 7/10. Armé de sa caméra VIRTUOSE (oui pour Lars Von Trier, j'aime les majuscules), il nous livre une vision profondément sombre et lyrique de la sexualité de cette femme marginale et profondément attachante qu'est Joe. Virtuose est véritablement à mes yeux le seul mot qui définisse parfaitement la réalisation BRILLANTE de Lars Von Trier. Mais la mise en scène de ses films n'ai jamais été sujette à polémique. Et tandis qu'il nous a démontré, une fois de plus, qu'il était un grand réalisateur, et que les acteurs magistraux ont fait étalage de leurs performances, Nymph()maniac Vol.1 finit par perdre un peu de son intérêt. Le scénario n'est absolument pas honteux, nous en sommes même TRÈS loin. Simplement, si nous retirons les fulgurances poétiques et narratives tout simplement remarquables (tel l'analogie faite entre les amants et l'élaboration d'une symphonie) de l'équation, le reste du film est un peu trop plat... Une fois de plus je tente de me rattraper, Nymph()maniac Vol. 1 n'est absolument PAS ennuyeux, le rythme est plutôt bien géré, et cette histoire est à la fois dérangeante et fascinante. Mais pour utiliser à mon tour une allégorie , je comparerai l'intérêt des séquences de Nymph()maniac. Vol 1, avec un cardiogramme. Je n'aurais rien à ajouter de plus. Et, bien entendu, je me dois de conclure cette critique sur les "polémiques" qui entourent l’œuvre. OUI, Nymph()maniac Vol. 1 est un film érotique, voir pornographique a certains (rares) moments. OUI, Lars Von Trier a sans doute saupoudrer son scénario d'une légère pincée de provocations gratuites comme il en a le secret. Mais, tout cela est mis au service d'une ambition plus grande. Une ambition qui traverse la filmographie de Lars Von Trier... Celle de dépeindre la perversion. Dépeindre une humanité profondément mauvaise, dont les êtres malfaisants ne souhaitent qu'une chose. Voir les êtres innocents être pervertis à leur tour. Nymph()maniac Vol. 1 n’échappe pas à la règle, mais le traitement est totalement renouvelé. Certes Joe est pervertie par les autres, mais elles assume cette perversion. Elle est la première à en tirer profit, tandis que sa vision nihiliste des Hommes semble continuer de se façonner, au sein de son esprit tourmenté. Mais ne nous avançons pas trop, seule sa suite me prouvera si le travail du réalisateur danois est à la hauteur de ses ambitions, et qu'il réitèrera la réussite de ce Nymph()maniac Vol.1 !