Etant donné que nymphomaniac vol 1 et vol 2 n'appartiennent qu'à une seule et même oeuvre, je parlerai des deux en même temps.
Il est clair premièrement que ce film plaira majoritairement à la plupart de ceux qui ont une vision assez littéraire du cinéma. En effet, de la manière dont il est abordé et par son esthétique, il s’appréhende comme un ouvrage ou un tableau basculant entre romantisme et naturalisme.
On est fasciné par ce mysticisme assez glacial et très fréquent dans les films de Lars von Trier.
Pour ce qui est du fond, on y voit une femme qui s'autoproclame nymphomane ("quelqu'un de mauvais" pour citer le film). Mais en fait, ce n'est pas uniquement une réflexion sur la nymphomanie que le réalisateur nous offre ici. Mais c'est aussi une réflexion sur la sexualité, et l'éthique par rapport à la sexualité. Qu'est-ce qui est moral et qu'est-ce qui ne l'est pas ?
Biensure ici tout n'est pas seulement question de sexe (c'est du Lars Von Trier s'il-vous-plaît !) : on y découvre également (surtout chez la protagoniste) des éléments qui poussent à réfléchir sur la condition humaine, le sens de l'humanité et surtout le désespoir auquel peut mener toute démarche intellectuelle vis-à-vis l'existence - chose qui est très présente dans le Vol 1, notamment à travers la relation père/fille- . Il y a aussi que souvent -comme dans tous ses films- le réalisateur rapproche l'homme de la (sa) nature, au point de presque la sacraliser. Le genre humain, qui pousse lui aussi à la réflexion, notamment de par le sexe, nous apparaît également comme sacré.
Contrairement à ce que certains pourraient croire avant d'avoir vu l'oeuvre, les images et scènes explicites ne sont pas du tout (du moins d'après moi) des appâts à spectateur. Au contraire, plus l'histoire avance, et plus le sexe devient quelque chose d'assez répugnant, ou sinon il nous paraît comme un bloc de pierre, un monolithe pour lequel on éprouverait rien. Et il est juste de penser que ce film a le mérite de nous communiquer des choses assez bouleversantes et inattendues.
Pour ce qui est de la forme, la narration de Nymphomaniac se construit avec pour base le dialogue entre Selingman et Joe.
Selingman est un homme cultivé et le fait que ses références culturelles servent à la rélfexion vis-à-vis des idées du film enrichissent celui-ci, et je crois que c'est l'un des éléments qui contribuent le plus au fait qu'on ait l'impression de voir quelque chose d'assez parfait (le côté très recherché et bourré de références de tous côtés, typique ches LVT).
Malheureusement, ce dialogue qui sert de base à la narration est aussi l'élément qui fera le seul et unique gros défaut que je repère dans le film: je trouve assez artificiel le fait qu'à chaque fois que Joe voit un élément dans la pièce où ils sont, Selingman lui réponde avec une de ses inépuisables connaissances, et que cela permette à la protagoniste d'embrayer sur son histoire. On pourrait développer quelque chose sur le hasard, mais je trouve personnellement que ce serait vraiment tiré par les cheveux. En gros ça ne marche que très peu.
Il y a aussi cette musique lorsque Joe brûle la voiture, et qui fait un gros contraste avec l'ensemble du film.
Mais bon, tout ceci n'enlève rien au génie de Lars Von Trier à travers ce film, c'est juste que sans ces deux éléments, Nymphomaniac aurait été un chez d'oeuvre (C'en est déjà un à mes yeux, mais il y a ces deux petits détails qui m'empêchent de lui donner la note maximal).
PS: j'ai par contre eu du mal avec la VF.
Excellent, 18/20