Intense
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Janvier 2014, le réalisateur Danois Lars von Trier lance Nymphomaniac sur grand écran.
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Osé, le sujet présenté attise la curiosité quant à son traitement. Si les avis semblent mitigés après le visionnage des deux volumes, il ne suscite certainement pas l’indifférence. La mise en scène singulière surprend. Passé, présent, images annexes se côtoient dans une ambiance sombre, inquiétante, glauque, tragique. L’érotisme s’étiole progressivement au profit d’un aspect dramatique qui force le silence. L’entrée en matière plonge directement le public dans cette atmosphère troublante, créant l’envie de connaître le pourquoi du comment, puisque se dessine une mise en abyme intéressante. D’observateur passif, il devient l’auditeur privilégié d’une histoire, avant de rentrer dans la peau d’un « voyeur » averti. L’originalité du scénario captive, même si l’enchaînement des événements s’avère terriblement lent. L’héroïne principale, interprétée par une Charlotte Gainsbourg (Joe) performante, mais aussi une Stacy Martin (Joe) emplie de promesse, conserve une part de mystère jusqu’à la fin. Les bribes disparates de son aventure se dévoilent progressivement. Le spectateur écoute, observe, comprend, sans jamais avoir l’impression de la connaître réellement. Cette distance intrigante confère du relief à ce personnage dévasté. Les figures secondaires tiennent la route dans l’espèce de tension accumulée. Les acteurs dans leur ensemble méritent d’être salués.
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Il est néanmoins bon de rappeler la violence psychologique de certains passages. Aucune étincelle d’espoir ne vient, de surcroît, rehausser le sinistre tableau. Choquante, excessivement brève, brutale, la chute déstabilise. Le message final manque de transparence, laissant en suspend des questions quant au véritable objectif d’une telle entreprise. L’unique grosse erreur revient cependant à la promotion du film, ayant vendu comme purement érotique, un projet dévoilant d’autres ambitions. Cette maladresse entraîne la déception inévitable des amateurs du genre, tout en éloignant les personnes susceptibles d’apprécier l’envers d’un décor faussé, jaquettes à l’appui.
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Assurément pour les adultes, Nymphomaniac mérite d’être regardé pour ses qualités esthétiques, son audace, son casting.