Le film ayant été créé pour être un seul et même film, je vais écrire la critique du volume 1 et 2 dans une seule et même critique. Je précise également que j'ai vu la version director's cut et par conséquent non censurée.
Je ne sais pas trop quoi penser de Lars Von Trier. Je considère certain de ses films comme "Dancer in the dark" comme des chef-d’œuvres absolus. Mais j'en considère d'autre comme "Anti-Christ" comme étant des bouses prétentieuses. Mais intrigué par le sujet du film et les polémiques qui l'on entouré, j'ai finalement décidé de regarder les 5h de film qui composent "Nymphomaniac". Le premier mot qui me vient à l'esprit est le mot : "inégal". Nymphomaniac est capable du pire comme du meilleur. Heureusement, le meilleur l'emporte haut la main. La raison de cette inégalité vient du découpage en chapitres. Des chapitres qui se succèdent avec plus ou moins de cohérence et pas toujours dans l'ordre chronologique. Chaque chapitre étant un moment de la vie de Joe, le personnage de nymphomane incarné par Charlotte Gainsbourg. A la fin de chaque chapitre, le personnage de Seligman met en corrélation l'aspect de la vie de Joe qui vient d'être raconté avec une anecdote historique ou culturel au rapport est plus ou moins capilotracté. Par exemple Seligman va jusqu'à comparer la séduction avec la pêche à la mouche ou les amants de Joe avec la construction d'une symphonie. C'est parfois drôle et souvent intéressant. Ces digressions m'ont rappelé celles présentent dans les romans de Bernard Werber, notamment "l'encyclopédie du savoir absolu" dans "les fourmis". C'est pas parce qu'il y a des pénis que l'on ne peut pas se cultiver.
Tous ces chapitres possèdent un rythme, un ton, une mise en scène différente. D’où leur inégalité. Par exemple, le passage avec Uma Thurman est assez cacophonique. Ca crie, ca hurle, ca pleure, la caméra zoom, dézoome, semble bancale, le montage est brutal et l'image granuleuse. On retrouve le Lars Von Trier old-school, créateur du dogme avec sa mise en scène qui vous donne la nausée. Rien à voir avec le décès du père de Joe, au noir et blanc très léché et au rythme plus posé. Malgré cette différence de style, ces deux séquences restent toute les deux très réussies.
Ce qui me dérange dans Nymphomaniac, c'est cette volonté constante de vouloir à tout pris choquer le bourgeois. Je ne remet pas en cause la présence de scène de sexe non-simulées qui me semblent justifiée par rapport au sujet du film, mais plutôt la manière avec laquelle elles sont traités. Un peu comme Pasolini avec "les 120 journées de sodome", on entend presque Lars Von Trier penser : "Si avec ça, on ne parle pas de mon film...". Je pense notamment à cette scène assez brutale dans le volume II avec les deux blacks. Joe conclue d'ailleurs son anecdote en parlant de "nègres", au grand damne de Seligman. Quant on connait l'aversion du cinéaste pour le politiquement correct, on est en droit de se demander si ce n'est pas Lars qui donne son point de vue à travers le personnage de Joe. Si c'est le cas, je peux difficilement approuver. Choquer pour choquer n'a aucun intérêt.
L'autre chose qui me dérange dans Nymphomaniac vient de son dénouement. Et plus globalement toute la partie qui succède à l'apparition de William Dafoe. Une partie que je trouve totalement improbable. Quant à la dernière scène du volume II, elle m'a surpris et décontenancé. A tel point que je ne sais vraiment pas quoi en penser.
De ce que j'ai pu lire un peu partout sur internet, je trouve que les gens parlent trop des scènes pornos. A telle point qu'on en vient à oublier le reste. Je sais qu'un plan large avec Charlotte Gainsbourg qui se fait besogner par deux blacks peut faire réagir, mais ce serait dommage de réduire ce film à un simple porno. Nymphomaniac est bien plus que cela.