Chaque nouveau film de Lars Von Trier apporte son lot de surprise, si, si! Et la première des surprises, c'est qu'il lui soit possible d'aller encore plus loin dans les registres du ridicule et de la bêtise qu'il ne l'a fait jusqu'ici. Pourtant, dans ces domaines, notre Danois est d'une inventivité sans bornes! Déjà, quand il nous infligeait "Breaking the waves", il nous fourguait un scénario d'une rare stupidité: une fille qui, pour le salut de son homme, couchait avec tous les travailleurs d'une plate-forme pétrolière, il fallait l'oser! Mais la crétinerie ne fait pas peur à notre orgueilleux cinéaste, et il nous l'a prouvé, film après film, jusqu'à nous écoeurer avec le nihilisme répugnant de "Mélancholia" érigé au rang de soi-disant chef d'oeuvre du septième art! Nihilisme encore et toujours car, en somme, c'est aussi une forme de nihilisme que la nymphomanie dont il s'empare à présent.
Mais le rusé Danois a sa petite idée en tête: tout se déroulera sous la forme d'une confession. Joe, l'héroïne nymphomane, est retrouvée gisante par un certain Seligman qui s'empresse de la recueillir et de lui faire raconter son histoire. Elle ne se fait pas trop prier, la bougresse... Mais attention, attention: j'ai employé tout à l'heure le mot qu'il ne fallait pas, le mot "confession". Car Seligman prend bien soin de préciser qu'il n'est pas un homme religieux. Et Lars Von Trier prend bien soin, quant à lui, d'évacuer vite fait la notion de péché. Alors... Alors Joe fait quand même une confession et Seligman se comporte tout du long comme celui qui donne sans compter des absolutions à tout ce qui lui est raconté.
Cela étant posé, il n'y a plus qu'à s'en mettre plein les mirettes! Allons-y de bon coeur avec le récit de toutes les frasques de notre nymphomane! Pas d'interdit: montrons-la même en train de copuler pendant l'agonie de son père, pourquoi pas? Mais il reste tout de même, pour briser un peu la monotonie de tant de turpitudes, à imaginer quelques analogies. On imagine comment le père Lars s'est creusé le ciboulot... Eurêka, s'est-il écrié. Et de foncer tête baissée dans l'analogie la plus bête qui soit: la pêche à la mouche! La nymphomane cueille les hommes comme on pêche du poisson: c'est fort, ça! Mais le meilleur est toujours pour la fin: "voyons, s'est demandé le père Lars, quelle transgression pourrais-je imaginer?" - "Eurêka, s'est-il écrié à nouveau, prenons ce qu'il y a de plus pur et de divin sur la terre: les polyphonies de Jean-Sébastien Bach!" Quelle audace! Comparer les frasques de Joe à la musique du cantor de Leipzig! Heureusement que le ridicule ne tue pas, comme on dit. Mais Lars Von Trier est tellement fort dans ce domaine, si fort qu'on pourrait rassembler sa filmographie entière sous un seul titre, emprunté, en le détournant, à un fameux ouvrage du XIXe siècle: "Du ridicule considéré comme l'un des Beaux-Arts"!
Lamentable, tristounet, faussement provocateur, ennuyeux à mourir, insupportable comme la musique tonitruante qui donne envie de fuir dès le début du film! Oh! la bêtise crasse et supine, comme disaient mes professeurs de collège et de lycée. A quelles autres audaces ridicules doit-on encore s'attendre? Car le pire, c'est que ce film est en deux volets! Aurai-je le courage d'en voir le deuxième volume?: that is the question! 0/10