Ce premier volet de "Nymphomaniac", je l'attendais depuis un moment, tant d'excitation, tant d'impatience ... Un Lars Von Trier ça ne se voit pas tout les jours. Il raconte le parcours d'une nymphomane, de son enfance à l'âge adulte, se divisant dans ce film en 5 chapitres. On commence par un écran noir presque interminable, j'avais l'impression que ça avait été fait juste pour me faire languir quelques secondes de plus, puis PAF !, ça commence en trombe avec du Rammstein pleine balle dans une rue enneigée, ça claque ! Le personnage de Charlotte Gainsbourg est allongé sur le sol, le visage tuméfié, puis Seligman (Stellan Skarsgård) un homme bienveillant va prendre soin d'elle et l'emmener à son appartement pour s'en occuper. Joe va alors lui raconter les étapes de sa vie, entre métaphores et représentations, par exemple, dans le premier chapitre où la "chasse" sexuelle dans un train est imagée à de la pêche à la ligne, un des hobbies de Seligman. On remarque déjà que la démarche narrative de Von Trier est ingénieuse, dotée d'un sens lyrique sublime, et les enchaînements entre les chapitres sont toujours amenés de manière subtile (gâteau, tableau, mélodie), absolument rien n'est téléphoné. L'intégration typographique (les calculs, le puzzle) est assez amusante et ajoute une touche d'originalité en plus, une nouveauté chez le réalisateur, je prends volontiers ! On verra ensuite les complications de Joe a trouver un équilibre entre son existentialisme, son statut social, ses liens familiaux et sa dépendance progressive au sexe. Je pense d'ailleurs que "Nymphomaniac" calmera tous ceux qui ont cru à un film pornographique, il n'y a au final que très peu de scènes de sexe (bien que certaines soit assez explicites), sûrement du au cut final imposé, même si on est pas certains que les rushs supprimés soit tous des passages hardcore, on passe peut être à côté d'éléments intéressants pouvant d'avantage mettre en valeur le récit, raison pour laquelle il semble impossible de réellement juger de manière définitive l'œuvre du réalisateur. Sinon niveau photographie c'est très propre, bien que moins graphique que "Antichrist" et "Melancholia", mais la réalisation nous donne le sourire et nous captive comme jamais (enfin pour ma part en tout cas, merde c'est du Von Trier quoi !) La séquence m'ayant particulièrement marqué est celle avec Uma Thurman, dans le rôle de la femme d'un de ses amants, débarquant au domicile de Joe avec ses enfants pour montrer la culpabilité de leur père, un grand moment de mise en scène made in Lars, brillant et très scotchant. Cependant ce n'est pas toujours le cas malheureusement, par exemple la séquence de l'hôpital dans la dernière demi heure m'a un peu ennuyé, je trouve que pour ma part les liens familiaux restent un peu trop vagues et sont certainement les moins bien développés. Heureusement le cinquième et dernier chapitre nous fait terminer le film avec un très bon ressenti, certainement le plus intéressant, avec l'allégorie de la polyphonie en tant qu'alchimie parfaite de sa pathologie nymphomane. Cette idéalisation, presque onirique sera coupée sur la toute dernière scène, où Joe se rappelle de la phrase de son amie qui reste la morale du film : "L'ingrédient du sexe, c'est l'amour", ce qu'elle n'a jamais ressentie. La fin est très brutale, mais plutôt cohérente, j'attends avec impatience de voir la suite, car ce premier volume de "Nymphomaniac" est vraiment très bon.