Bon, moi quand on me met un clone de Claudy Faucan dans un film, je trouve ça facile, mais j'y vais quand même ! Comme quoi, des fois, il ne faut pas grand-chose pour aller voir un film comme les "Kaïra" ! En fait, pour être plus honnête, je m'étais risqué à visionner la bande-annonce pour tester l'état d'esprit du film et, me concernant, le test avait été réussi : j'étais curieux de voir ça. Eh bah franchement, au final, quelle arnaque ! Vous avez aimé la bande-annonce ? C'est, montre en main, les cinq premières minutes du film, lorsque nos trois loustics présentent leur cité ! Alors, en tant normal je me féliciterais que la bande-annonce ne spoile rien de l'essentiel du film, mais encore faut-il qu'il y ait quelque-chose à spoiler derrière ! Parce que si vous avez aimé Cantona en entraîneur d'équipe de nains, il n'apparait que lors de la séquence dévoilé dans la BA ! Après plus rien : plus de Canto ! François Damiens qui fait son Claudy, vous avez aimé ? Eh bah pareil : mis à part l'extrait vu dans la BA, que dalle ! Et c'est comme ça pour tout ! Les gars avaient un univers, certes essentiellement fait de récup’, mais ils avaient un univers qu'ils présentent et qu'ils auraient pu développer. Et pourtant ils laissent tout à la trappe dès le départ. Tout ça pour lui préférer quoi ? Une banale intrigue super poussive de vieux gars qui veulent faire du porno. Alors OK, je veux bien, l'esprit d'autodérision est là, quelques scènes amènent parfois des rires, mais c'est franchement creux, simpliste et répétitif. L'humour n'arrive pas à se renouveler, l'univers de ces Kaïras ne parvient pas non plus à se densifier au fil des minutes, et même les temps forts du film (le contest de rap ou le dénouement final par exemple) tombent à plat faute d'un véritable effort de mise en scène. Autant je ne peux que valider de mes deux pouces levés les films qui servent ici ouvertement de référence, que ce soit "Lascars", "Dikkenek" ou bien encore "Very Bad Trip", mais encore faut-il être capable d'y mettre la même densité, le même rythme, et surtout la même subversion. Le pire, c'est que j'ai du mal à en vouloir à Frank Gastambide : il semblait pétri de bonnes intentions, avait quelques idées sympas mais n'a tout simplement pas le background ici pour tenir la distance. Faire rire deux minutes sur un "Kaïra Shopping" et construire la progression d'un délire sur 1h30, ça ne nécessite définitivement pas les mêmes qualités et, malheureusement, ce film en est la preuve.