Donc, c'est une histoire vraie, dans les grandes lignes, sûrement, que celle de ce vieil homme malade, fatigué et pauvre, qui a parcouru 600 bornes en tondeuse à gazon pour se réconcilier avec son frère au soir de sa vie. Il faut du courage, je n'en doute pas. Le film n'est pas à proprement parler à mourir d'ennui. Même si les aventures du héros lors de son périple se bornent à rencontrer une fugueuse enceinte, une femme qui a renversé 13 cerfs en 7 semaines, sa plus grande péripétie se trouvant être de dévaler une petite dénivellation un peu rapidement. Il cassera sa tondeuse, et la fera réparer par deux frères, qu'il mouchera de sa grande sagacité, en leur infligeant une leçon sur l'amour fraternel. Sa fille est Sissy Spacek, comédienne que l'on voit peu, jouant une sorte de Rain Man femelle. Son frère est Harry Dean Stanton, petit rôle puisque c'est le frère et le terme de son voyage. Raconté comme cela, cela n'a pas l'air folichon et cela ne l'est d'ailleurs pas. Si le film avait été réalisé par un autre que David Lynch, il serait passé inaperçu. Là, on crie au génie, et l'on compare au Ford des " Raisins de la colère ". C'est très surfait. C'est un petit road-movie, dont l'originalité est d'être accompli par un vieil homme, dans un moyen de locomotion inhabituel. Il y a beaucoup de vieux dans ce film, on parle de souvenirs d'anciens combattants, ceux de la seconde GM. Aucune révolte de condition, on est dans la pauvreté, pas dans la misère, il y a juste la vieillesse, sort de tout un chacun, et les valeurs familiales, raison de la production Disney, inhabituelle pour Lynch. C'est tout plein de bons sentiments. Tout le monde est très gentil avec le héros du film. On a un peu l'impression que tout le monde il est beau et tout le monde il est gentil dans ce film. Loin du capitalisme sauvage, de la violence et de l'égoïsme qui sont la réalité de notre monde. Une image idéalisée de l'Amérique où l'humain tiendrait la première place. Un mirage, en quelque sorte.