Avis sur Cose dell’altro mondo

Le cinéma italien va mal depuis de très nombreuses années, de sorte que, à l’exception d’une petite poignée de films (soit des comédies romantiques, soit des thrillers mafieux), le public français n’a pas l’occasion de pouvoir découvrir les nouvelles productions transalpines. En cela, le festival du film italien de Villerupt est une aubaine et permet d’aller voir des films qui, pour la plupart, ne sortiront pas sur tout le territoire. C’est le cas de "Cose dell’altro mondo", une comédie au pitch éminemment politique qui s’est attirée les foudres de la Ligue du Nord. Il faut dire que le sujet pouvait difficilement plaire au parti d’extrême droite italien puisqu’il traite de la disparition soudaine et inexpliquée de tous les immigrés de la ville de Vénitie et de ses conséquences sociales. Une idée aussi simple que brillante qui n’a malheureusement pas bénéficié d’une mise en scène à la hauteur de l’ambition affichée. Le réalisateur Francesco Patierno se contente en effet de filmer sans grand génie, ni sens du rythme, de sorte que l’intrigue souffre de nombreux trous d’airs et autres dispersions. On peut également reprocher le manque de subtilité avec laquelle est traitée cette disparition. Le film décrit les immigrés comme le salut de la vie économique et sociale italienne puisqu’il occupe des postes clés (aides à domiciles, ouvriers d’usine, prostitués…) mais n’évoque jamais les problèmes liés à l’immigration autrement que par la voix des protagonistes les plus ouvertement racistes du film (le patron d’usine et le taxi). Le discours est dès lors trop orienté pour espérer convaincre totalement. Heureusement, le film ne se limite pas à son message politique et peut compter sur de formidables acteurs comme l’énorme Diego Abatantuono en patron d’usine adepte des diatribes télévisées contre l’immigration, Valerio Mastendrea en flic jaloux ou la belle Valentina Lodovini en instit tolérante. Le film surprend également par sa drôlerie et la qualité de ses dialogues, souvent border line (même si le politiquement incorrect est utilisé ici pour mieux dénoncer le racisme avec toujours ce problème de subtilité). Une bonne petite comédie donc, gentiment grinçante mais trop naïve dans son traitement et paresseuse dans sa réalisation.

Que ferions nous sans les immigrés ? toute l'idée du film repose sur cette question. Le film s'ouvre sur un garçon conduisant un camionnette qui laisse sous entendre ( sans les immigrés il n'y aurait plus de chauffeurs routiers , ou encore de restaurateurs , où quelconque métiers dans lequel de nombreux immigrés travaillent chaque jour ). D'un côté un présentateur télé qui exprime des idées racistes ( largement associable à monsieur Le Pen ) mais qui côtoie une femme noire donc qui va à l'encontre de ses idées. Et de l'autre un policier qui ne présente aucun signe de racisme mais qui éprouve une haine pour le compagnon de son ex , un commercial noir ! Ces deux personnages principaux ne sont donc aucunement racistes même si ils nous en laisse percevoir le contraire ! Un film habilement mené qui au jour d'aujourd'hui fait déjà beaucoup de bruit.