Le producteur et scénariste Roger Lee évoque la naissance du film : "Avec Une vie simple, c'est la première fois que je raconte ma propre histoire et que je m'essaie à la création - et c'est sûrement la dernière ! C'est l'ampleur du projet sur Les trois royaumes qui l'a inspiré. J'étais tout simplement épuisé après avoir travaillé sur ce film auquel je venais de consacrer quatre années de ma vie. J'ai donc décidé de faire une pause et j'ai pensé que l'écriture serait comme une thérapie pour moi. Tao Jie est décédée pendant le tournage du film, mais j'étais trop occupé avec la post-production et tout le reste", explique-t-il, en poursuivant : "Lorsque le film a enfin été bouclé, j'ai pris le temps de me poser et d'écrire un synopsis qui contenait le récit de certains moments passés avec Tao Jie. À ce moment-là, je n'avais réellement aucune idée de ce que j'allais en faire. Je pensais à une pièce de théâtre ou peut-être un téléfilm. Puis, je l'ai montré à Ann Hui et elle a trouvé qu'il y avait assez de matière pour en faire un film. Elle m'a dit : "Développons tout ça !" J'étais sous le choc. Je lui ai fait remarquer que ce n'était pas une histoire en soi, mais seulement une succession de scènes entre deux individus - mais elle y croyait déjà."
Il y a 23 ans, Andy Lau et Deannie Yip s'étaient déjà donnés la réplique dans "The Truth" de Johnny Mak. Par ailleurs, Deannie Yip est la marraine d'Andy Lau dans la vraie vie. Aujourd'hui, ils se retrouvent au cinéma pour Une vie simple. "Je pense qu'ils souhaitaient tous les deux retravailler ensemble après tant d'années", raconte Ann Hui, la réalisatrice. Cette dernière a elle-même déjà tourné avec Andy Lau pour le film Passeport pour l'enfer en 1982.
Une vie simple a remporté plusieurs prix. Le film était notamment en compétition à la Mostra de Venise en 2011. L'actrice Deannie Yip y est d'ailleurs repartie avec la coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine.
Tao Jie, la domestique dont s'inspire le personnage de Deannie Yip, est décédée au cours du tournage d'Une vie simple. Le titre original du film porte d'ailleurs son nom.
Dans le film, le personnage de Deannie Yip porte le nom de "Chung Chun-Tao". Lorsqu'elle le dit, une retraitée lui rétorque que c'est le nom d'un domestique. A Hong Kong, lorsqu'un enfant domestique devenait orphelin, il se faisait appeler "Chun Tao" par son maître. Un prénom seulement donné aux enfants issus des milieux défavorisés et qui porte encore aujourd'hui cette connotation à Hong Kong.
Une partie du film se passe dans une maison de retraite. Les pensionnaires regardaient les équipes de tournage travailler jusqu'à ce que Ann Hui, la réalisatrice, leur propose de participer en tant que figurants, ce qui leur a fait plaisir. Certaines scènes ont d'ailleurs été tournées à la manière d'un documentaire, avec des gros plans pour recueillir les réactions des pensionnaires de la maison de retraite.
Une vie simple est un film hongkongais avec un co-financement chinois. Tourner à Hong Kong présente un avantage. En effet, il existe moins de règles de censure de la part du gouvernement chinois. "Ces derniers temps, il est devenu très difficile d'obtenir une autorisation du censeur en Chine continentale", explique le producteur Roger Lee. C'est la raison pour laquelle beaucoup de films asiatiques se tournent actuellement à Hong Kong.
Une vie simple regroupe plusieurs thèmes de prédilection de la réalisatrice Ann Hui. Elle est notamment très attachée aux questions sociales et à l'histoire. En 1990, elle a signé une œuvre très personnelle, semi-autobiographique, Songs of the exile, qui traite de la perte d'identité et du retour à ses origines.