Enfin un film français vraiment drôle ! Voilà ce que je me suis dit à la sortie de « Radiostars ». Premier long-métrage de Romain Levy, à qui on doit notamment le scénario de films potaches comme « Les 11 commandements » ou « Cyprien », ce film est le prototype de ce que les américains appellent le feel good movie d’où l’on ressort avec la banane, qui dépoussière bien comme il faut la comédie française à coup d’ondes de choc. À la fois road movie et film de potes au casting très réussi, « Radiostars » enchaîne les situations improbables ou un peu trash, les répliques déjà cultes et autres vannes 4 étoiles pendant 1h40 pour le plus grand plaisir du spectateur. Il parvient aussi à nous toucher, souvent. Il n’en fallait pas plus pour que le bouche-à-oreilles tourne à plein régime et fasse de cette comédie un succès amplement mérité.
D’inspiration largement autobiographique, Radiostars nous emmène dans les coulisses de Blast FM et de son émission phare, le Breakfast club, qui n’est pas sans rappeler le 6/9 de NRJ sur lequel on pouvait entendre Manu Payet il y a quelques années. Mené depuis des piges par Arnold (Clovis Cornillac) entouré de ses compères Alex, le comique de service (Manu Payet) et Cyril (Pascal Démolon), quadra mégalo, le Morning est n°1 en France et ses animateurs peuvent tout se permettre. Comme par exemple d’embaucher un nouvel auteur pour l’émission sans avoir lu aucun de ses textes : Ben (Douglas Attal), 25 piges, fraichement débarqué de New York où il n’a pas réussi à percer dans le stand-up et s’est fait larguer avec un paquet de M&M’s peanut butter commandés sur internet et estampillés « Loser ». Sauf que voilà, l’émission est en fait passée n°2, et leur big boss pas vraiment ravi décide d’envoyer l’équipe faire une tournée estivale dans les villes où ils lui ont « niqué son audience ».
Cette dream team, parmi laquelle on compte aussi un stagiaire bègue accro au RedBull (Côme Levin) et un sympathique larbin surnommé Smiters (Benjamin Lavernhe), doit alors prendre la route dans un bus conduit par Daniel(le), un chauffeur androgyne , pour reconquérir son public. Le personnage de Ben, le petit nouveau qui débarque, nous permet de nous intégrer à cette bande et de découvrir les personnalités hautes en couleur des ses membres. Pas une seule fausse note au niveau du casting : Clovis Cornillac n’avait pas été aussi bon depuis longtemps et s’avère très convainquant dans le rôle de l’animateur charismatique irascible qui ne vit que pour sa passion. Manu Payet est hilarant comme à son habitude en mec libidineux mais fidèle qui s’excite par procuration en encourageant Ben à coucher avec des groupies dans chaque ville, notamment une gourdasse qualifiée de « Hitler avec un BEP coiffure ». Il y a aussi la révélation Douglas Attal, dont c’est le premier grand rôle, charmant et touchant en jeune auteur qui manque de confiance en soi au point de confier ses mots à son nouveau pote. Les seconds rôles, travaillés, sont tout aussi bons et complètent parfaitement cette bande qu’on aurait forcément envie de rejoindre, et c’est tout ce qu’on demande à un film de potes qui se respecte.
Grâce à une écriture moderne et ultra efficace parce que souvent vraie et crue, ce film parlera forcément à la génération des 15-30 ans qui ont grandi en écoutant ce type d’émissions. Le côté road movie de Radiostars permet aussi de multiplier de pures situations de comédies à base de choc des cultures et de rencontres improbables dont celle – jouissive – de la troupe avec Léonard de Vitry, un rappeur dont le hit devrait faire parler de lui. Plein de bonnes idées, l’ambiance de folie qui règne sur le film, ses dialogues savoureux et sa bande originale de premier choix lui confèrent un indéniable potentiel culte. Preuve en est l’utilisation de plus en plus répandue d’une nouvelle expression que vous enseignera Manu Payet : un bon ‘doss’. Bref, on passe un excellent moment. Malgré une fin un peu consensuelle à laquelle on a du mal à croire, Radiostars est une excellente comédie à ne pas manquer !
Video didn’t kill the radiostar(s)…