"War Dogs" est un film globalement réussi mais qui souffre de plusieurs défauts ici et là. Déjà, en choisissant de raconter cette histoire incroyable de jeunes vendeurs d'armes indépendants pour l'armée américaine et dépassés par les événements sous l'angle de la comédie, "War Dogs" appuie certes sur la crétinerie du système Bush pendant la guerre en Irak
(des milliers d'appels d'offres en ligne)
et son aspect surréaliste
(les peines de prison finales sont étonnamment faibles notamment)
, et propose quelques scènes grandioses
(l'essence à Fallujah, le voyage en Jordanie, l'entretien hallucinant au Pentagone, la ruse pour remballer les munitions)
, néanmoins, on frise quelquefois la caricature grossière, la performance de Jonah Hill est un poil too-much par moments
(trop de "F***" comme dans "Le Loup de Wall Street")
et le propos dramatique se résume surtout à la relation entre Efraim et David
(leurs querelles intestines à la fin quand les choses tournent au vinaigre (les balles viennent de Chine!!) et qu'ils ne contrôlent plus rien; les 53 m$ perdus en rabaissant trop les prix, la marge de 400% de Henry, illustrant l'appât du gain d'Efraim)
, la finalité maline
(la séquence de l'ascenseur avec les 2 comparses en fuite; l'astuce du micro; la mort du chauffeur albanais auquel David était attaché, Henry en est responsable et propose un deal pour acheter le silence de David)
, un peu à la vente d'armes (sans atteindre la qualité de "Lord of War" à ce sujet) et non à la guerre en elle-même. J'ajouterais aussi que le film se rate complètement sur le couple de David, traité de manière éparse dans le récit et sans trop de cohérence
(Iz accepte le job de David puis se barre puis revient...)
. Sur la forme, "War Dogs" ne renouvelle pas le genre au niveau de sa narration
(points sur la chronologie, arrêts sur image, voix-off)
mais se montre très efficace dans l'ensemble (la réalisation de Todd Phillips est bonne), si on excepte un démarrage laborieux et un chapitrage qui ne s'imposait pas. Sinon, l'emploi très récurrent de musiques adaptées au contenu s'avère plaisant la majeure partie du temps, ajoutant une dose supplémentaire de délire. Côté casting, Bradley Cooper fait le job, Jonah Hill met le paquet dans l'humour et l'excellent Miles Teller est le contrepoint idéal de son camarade. Au final, si "War Dogs" n'est pas complètement abouti sur ses thématiques et imparfait dans sa structure narrative, il constitue un portrait cash et grinçant de l'Amérique sous Bush, utilisant plutôt habilement la comédie pour en renforcer la bêtise.