J'attendais "War Dogs", étant un grand admirateur de Jonah Hill. Je suis donc allé assister à la conférence de presse donnée à Deauville Samedi 10 Septembre, et c'est avec une légère déception que j'ai vu l'une de mes idoles. En effet, suite à son humiliation publique sur Canal la veille, l'acteur américain n'a pas été aussi fou que je l'espérais : il boudait, semblait blasé. C'est avec un sentiment de déception que je suis entré dans la salle de cinéma afin de regarder cette nouvelle comédie américaine, mais au fur et à mesure que le film avançait, le plaisir était là.
"War Dogs" est un long-métrage inspiré de l'histoire vraie d'Efraim Divelori et David Packouz (dévoilée dans le magazine Rolling Stone en 2011), réalisé par Todd Philips ("Very Bad Trip") et séparé en plusieurs parties. Si l'histoire est assez classique dans son approche et son déroulement, l'ensemble mis en scène ne reste pas moins divertissant. En effet, le film ne sombre pas dans une lourdeur décomplexée que l'on avait dans la série des "Very Bad Trip" et enchaîne les gags de façon bienvenue. Le film est drôle (Jonah y est pour beaucoup) et traite tout de même de sujets assez denses. Le film part d'une faille dans le système de George Bush, permettant à ces amis d'enfance d'en profiter pour monter leur fortune. Plus film dramatique que pure comédie, "War Dogs" trouve le juste milieu pour ne pas se laisser emporter dans une surenchère grossière. Proche d'"American Bluff", "The Social Network" et du "Loup de Wall Street", "War Dogs" dépeint des magouilles économiques sur ton de feelgood movie mélangeant les genres. Todd Philips filme son récit de manière dynamique, avec des plans bien cadrés et une musique accompagnant bien le tout. Mais l'histoire n'est pas le plus gros point fort du film (de plus quelques facilités scénaristiques sont présentes et certains personnages ne sont suffisamment développés).
En effet, l'atout majeur de "War Dogs" est son duo d'acteurs. Jonah Hill ("22 Jump Street") n'a rien à prouver, il interprète son rôle avec une grande aisance. Certaines scènes sont hilarantes, de même pour son rire. La salle riait aux éclats ; dommage que sa conférence n'ait pas été aussi décomplexée. Miles Teller ("Whiplash") est quant à lui très bon. Il occupe le rôle le plus ambigu grâce à son tiraillement moral envers sa famille et l'argent. L'alchimie des comédiens se remarque et fonctionne à merveille. Ces deux hommes victimes de la société en cherchant le rêve américain ne sont certes pas attachants, mais intéressants à suivre. Le parcours douteux qu'ils suivent, non sans drames, se montre efficace et crédible. Bradley Cooper ("American Sniper") et la sublime Ana de Armas ("Knock Knock") sont eux aussi convaincants dans leurs rôles. Le réalisateur montre encore une fois qu'il sait diriger son équipe.
"War Dogs" c'est un film à la morale ambiguë sur l'armement de la guerre, sur les conflits économiques mais aussi sur l'amitié et la cupidité. Des thèmes pertinents comme ces approvisionnement de l'armée n'ont pas été assez traités au cinéma, je suis content que, non sans rappeler "Lord of War" avec Nicolas Cage, "War Dogs" l'aborde correctement. Si le long-métrage n'est pas exempt de défauts, il reste drôle, intelligent et divertissant ; un moment de cinéma que l'on peut selon moi regarder sans se faire de soucis.