Un film que j'attendais assez au vu du sujet qu'il traite et de son casting, pas forcément pour le réalisateur qui nous avait proposé avec Very Bad Trip un bon petit divertissement bien fun mais assez lourdingue sur les bords. Du coup, le film pouvait être excellent comme complètement raté. Verdict ? Le film est bien.
Alors attention, ce n'est pas un chef d'oeuvre, celui ci est beaucoup trop "clinquant" et "à la mode" pour véritablement marquer dans le temps. Le fait est qu'à l'instant t le film fonctionne et arrive à dépasser son statut de simple divertissement grâce à deux ou trois pirouettes sans doutes inconscientes.
La première, c'est son sujet. On est plus dans un délire d'enterrement de vie de garçon, de beuveries et toutes ces conneries. Ici, on parle de la guerre, de trafic d'arme et de diplomatie internationale, le tout avec un second degré parfois lourd mais plutôt bien senti. Sans le vouloir, le film trouve une valeur politique assez intéressante et se poste peut-être en tant que jumeau maléfique d'un Lord of War.
Ce qui me permet d'embrayer sur une seconde pirouette : War Dogs se révèle un patchwork de plusieurs genres et de plusieurs oeuvres et frôle littéralement la perte totale d'identité, mais par une maîtrise assez surprenante parvient à s'en sortir et à trouver sa patte au milieu de tout ce dont il s'inspire. On trouvera donc du Very Bad Trip du côté de l'humour et du manque de finesse dans l'écriture, du Lord of War dans le sujet abordé et les situations dramatiques, du Loup de Wall Street dans la duo que forment Jonah Hill et Miles Teller ainsi que dans la structure narrative (ascension / apogée / chute), certains gimmicks de mise en scène (voix off, travellings avant, arrêts sur image) et choix de la bande sonore (Rolling Stones par exemple) et enfin du Pain and Gain dans la composition musicale originale, le choix du lieu de départ, la photographie, la colorimétrie et cette esthétique du luxe, bien moins dégoulinante et marquante que chez Bay sans en être forcément moins dénonciatrice. Ce mélange de saveur est suffisamment bien dosé pour que le film trouve sa voie et ne souffre pas de la comparaison totale, ce qui est déjà une bonne chose et possède enfin un dernier argument de choix qui le propulse encore plus haut : Mile Teller.
Cet acteur est génial, déjà dans Whiplash il en imposait mais ici il arrive à insuffler une dose de dramatique dans l'humour potache et lourdingue de Jonah Hill, impeccable mais souffrant de l'écriture de son personnage. Il manque effectivement des nuances chez ces personnages, comme il en manquait dans Pain and Gain, mais cela ne pose pas tant de problème que ça car tous les défauts du film arrivent à ne pas le couler car celui ci ne se prend pas au sérieux et joue avec nous carte sur table, ne se prenant jamais pour ce qu'il n'est pas.
Cela reste une histoire vraie relativement romancée, un divertissement haut de gamme dans cette période assez creuse, loin d'être un chef d'oeuvre et d'avoir la portée d'un Lord of War ou la finesse (oui oui, j'ai bien dit la finesse) d'un Pain and Gain, War Dogs s'en sort très bien et je le conseille vivement !
A voir !