L'intelligentsia filmistique adore Manoel de Oliveira. Honte à moi, je crois bien jusqu'ici n'avoir rien vu de ce metteur en scène. En tous cas, je ne me souviens de rien. Même quand on va beaucoup au cinéma, on loupe des trucs.... Bref, au vu de la critique de mon Télé-obs (oui, c'était vraiment présenté de façon intéressante) et pour ne pas mourir idiote, j'ai été voir Gebo et l'ombre.
Oliveira ayant 150 ans, fait tourner des p'tits jeunes: Jeanne Moreau qui, içi, semble en avoir 120, Claudia Cardinale 85, quant à Michael Lonsdale, il n'a plus d'âge puisqu'il est déja au paradis, bien mérité au vu de son militantisme discret mais constant pour notre foi catholique.
Tout se passe dans la salle commune, moisie et décrépite, d'une maison, au début du siècle dernier; une porte donne sur la cuisine, une autre sur les chambres, mais on n'en verra rien. Quatre personnages (700 ans à eux tous) sont réunis autour d'une table en buvant le café et bavardent (Gebo, lui, c'est à dire Lonsdale, fait ses comptes. Il est employé dans une fabrique, tous les soirs il ramène chez lui l'argent de la journée et le compte. Quant à son épouse Doroteia, c'est à dire Cardinale, elle pleure). La nuit tombe tôt ce soir. Silence. Comme il pleut. Silence. Va refaire du café. Silence. Faut il vraiment vivre comme cela? Silence. Comme il pleut. Silence. La nuit est tombée tôt. Silence. L'avez vous vu? l'avez vous vraiment vu? On croirait du Godard sous Tranxène.
C'est que le fils de la famille, João (Ricardo Trepa) a disparu, laissant sa femme Sofia (Leonor Silveira) entre sa belle-mère, qui la déteste, et son beau-père, très affectueux, le bon Gebo, le gentil Gebo. Doroteia ne doit pas savoir que c'est un voyou, son petit João.... mais un jour il revient. Et devinez quoi? La nuit, il fauche la caisse de son papa. Ah le gredin! Méfiez vous d'Anatole, comme disait ma grand-mère. Attention, action: Sofia esquisse trois pas de course vers la porte pour retenir le fuyard.
Le film culmine dans la sublime scène finale, espèce d'acmé du nanard: deux ou trois jours après la disparition de João, la fabrique ayant évidemment porté plainte, Gebo tend ses petites mimines vers les braves pandores venus arrêter le voleur: le voleur, c'est moi... .
Le plus affligeant, voyez vous, c'est la façon dont tous jouent faux (oui, même le grand Lonsdale!). Parce que les dialogues idiots sont impossibles à dire? Ou parce que le metteur en scène les oblige à dire faux?
Ce film plein de prétentions est intégralement grotesque. mais voulez vous que je vous dise qui est encore plus grotesque? Ces critiques qui l'ont encensé, de peur de se faire mal voir des collègues de l'intelligentsia filmistique...
Ou alors, je n'ai rien compris. Ce film est en fait une pub géante, sponsorisée par la médecine esthétique, car on déplore que ces dames n'y ait pas recourru quand il était encore temps....