Déjà possesseur d'une réputation hautement méritée par ses précédents « méfaits » ("Calvaire", "Vinyan", "Colt 45", "Alleluia"), Fabrice Du Welz nous revient directement des USA avec ce qu'on peut nommer sans hésitation un vigilante movie : "Message from the King" nous conte l'histoire de Jacob King qui débarque à Los Angeles directement de Cape Town en Afrique du Sud afin de retrouver sa sœur dont il n'a plus de nouvelles depuis un bon moment. A peine 24 heures plus tard, il la retrouve dans une morgue et apprend qu'elle est morte dans des circonstances étranges…Et oui, un script purement basique pour un vigilante movie me diriez-vous....et bin oui et non : si la structure narrative est totalement classique, c'est surtout au niveau de la forme que Du Welz va contribuer en y ajoutant sa petite touche qui lui est si propre. En effet, dans tout autre film du même genre, on nous montrerais un protagoniste lambda dans un LA de rêve façon carte postale qui, après avoir perdu un être cher, basculerait peu à peu dans la marginalité, dévoilant ainsi peu à peu l'envers du décor de la cité des anges avant d'atteindre l'ultime point de non retour...mais ici, Du Welz nous présente un LA infernal, sombre, poisseux, cruel et intraitable, ainsi qu'un personnage possédant déjà un passé assez trouble mais dont le simple fait d'avoir vécu dans une Afrique du Sud gangrené par les guerres de gang et les vestiges sociaux (racisme) de l’apartheid font de lui un homme entraîné à affronter les coins les plus sordides et dangereux de la jungle urbaine californienne (fait qui sera d'ailleurs confirmé par la petite révélation concernant Jacob qu'on apprendra lors de la scène finale du film). D'ailleurs, notre héros ne se fait pas prier et les séquences d'action vont se multiplier avec un certain plaisir puisque Du Welz choisit une approche réaliste, avec une mise en scène certes sobre mais rugueuse (on est loin des bastons où des méchants se font dézingués par kilos de façon survoltée à la "Hyper Tension" ou super chorégraphiée à la "John Wick" !), la plupart du temps sans aucune musique, juste la caméra qui fixe le regard de notre héros avant de dévoiler sa violence se déchaîner sur ses « proies » jusqu'à ce que l'hémoglobine se répande sur le sol. Bien entendu, n'y voyez là aucunement de la violence purement gratuite : même si on pourrait croire qu'elles sont présentes pour servir d'exutoire aux spectateurs, elles sont avant tout l'expression à l'écran du monde absurde et cruel dans lequel le récit se déroule. D'ailleurs, Du Welz peut remercier Chadwick Boseman ("Captain America 3 : Civil War") qui apporte à son personnage sa prestance et son magnétisme si particulier (quelle incroyable facilité il a de passer de la tristesse profonde à la colère absolue !), ce qui rend Jacob charismatique et très intéressant à suivre (provoquer l'empathie chez le spectateur est une source de succès). Par contre, on ne pourra pas forcément en dire autant du reste du casting qui reste assez fade comme Luke Evans ("Le Hobbit", "Fast & Furious 6") qui semble grave s'ennuyer ou encore Teresa Palmer ("Tu ne Tueras Point", "Dans le Noir") qui ne sert finalement pas à grand chose. Certainement pas le film le plus intéressant de Fabrice Du Welz, "Message from te King" s’avère indéniablement son plus accessible et, même si certains écueils propres au genre auraient pu être évités, il demeure un vigilante movie simple mais efficace, proposant ainsi un bon moment de cinéma.