Ce film est la version long-métrage d’un court, lui aussi réalisé par Andre Muschietti. Dans ce petit clip de 3 minutes 16, entièrement filmé en un long plan-séquence, on voir la fuite de 2 fillettes entre le premier étage et le rez-de-chaussée d’une grande maison, pour échapper à un fantôme qu’elles appellent Mamà.
Pour tirer de cela un film d’une heure quarante, il a bien sûr fallu étoffer le scénario. D’abord parce qu’un plan-séquence d’une heure et demie entre deux étages, il n’y avait pas d’escalier assez long, et ensuite pour répondre aux questions qu’un spectateur est en droit de se poser : qui, et pourquoi.
Après avoir été complètement ruiné, un homme rentre chez lui et tue sa femme. Il s’enfuie avec ses deux filles. Un accident les contraints à se réfugier dans une cabane abandonnée dans les bois. Au moment où le père désespéré va commettre l’irréparable, les deux fillettes sont sauvées par… quelque chose. Cinq ans plus tard, le frère jumeau du père, qui n’a jamais baissé les bras parvient à retrouver les fillettes toujours vivantes, et les ramène à la civilisation. Mais elles ne sont pas seules…
Ce film, produit et approuvé par Guillermo Del Toro, parvient par moment à toucher la magie dans laquelle baignait le labyrinthe de Pan, notamment grâce à son final sans concession. Pourtant quelques défauts viennent en parsemer la vision, en partie la faute à un cahier des charges un peu trop conformiste. Cela se traduit par l’ajout de personnages secondaires peu ou pas travaillés.
Ainsi, un docteur, bien décidé à résoudre l’énigme de mamà à lui tout seul, se voit réduit à un personnage à la limite de la caricature, et sa confrontation avec le spectre, en plus d’être du déjà vu est shooté à la va-vite, sans doute par une deuxième équipe qui semble peu concernée par le sort de ce protagoniste.
La vieille secrétaire du docteur, une sorte de sphinx vieillissant, semble posséder les réponses aux questions de l’héroïne dès que celle-ci en a besoin.
La tante revancharde, figure obligée et antipathique, paraît n’avoir été écrit que dans le seul but de rendre service à mamà (et donc au scénariste).
Reste des moments de pure angoisse, une maîtrise de l’espace par moment bluffante, et cette parabole sur la maternité et le sacrifice de soi au profit de sa descendance.
Et pour une fois qu’un film de fantôme arrive à tenir la plupart de ses promesses, on ne va pas se plaindre.