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Un visiteur
1,0
Publiée le 19 juillet 2014
Je ne parviens pas à comprendre la logique du réalisateur à travers ce film et appeler "enfer" ce centre de détention et le système. On y voit des clandestins qui ne sont qu'une vingtaine dans un centre géré par quelques personnes d'un humanisme incroyable. Le regard de la caméra est incroyablement subjectif, et il est impossible de ne pas voir que les personnes incarcérées cherchent à tirer la larme à l’œil face à la caméra qui cherche à se faire faussement discrète. Que comprend-on au final: des personnes arrêtées car sans papier, que l'on cherche à traiter le plus humainement possible, et dont le sort est d'être rapatriées dans leur pays d'origine, d'abord sur un vol classique si elles acceptent, puis sur un vol spécial si elles refusent. Et toutes refusent pour retarder au maximum l'échéance, espérant une libération inespérée (parfois après plusieurs années de centre). Le réalisateur ne cherche même pas à expliquer cette attente, ces années de centre. Il préfère laisser les protagoniste faire un show (mais peut-on leur reprocher devant une telle maladresse du réalisateur) où ils qu'ils ont été trompés, qu'ils n'ont rien fait donc ne doivent pas être là. En savoir plus sur ces personnes aurait été 1000 fois intéressant que ce documentaire d'un creux abyssal au niveau de la réflexion. On pourrait avoir de la compassion à travers le parcours de certains prisonniers mais là, on n'a qu'une envie, c'est que le "vol spécial" arrive enfin!
Fernand Melgar continue de s’intéresser de près au sort réservé aux demandeurs d’asile en Suisse, après La Forteresse (2008), c’est avec Vol spécial (2012) qu’il nous entraîne au cœur du centre de détention administrative de Frambois (près de Genève), où ce centre à la particularité d'emprisonner pour une durée maximale de 18 mois des étrangers en situation irrégulière (répondant à une loi fédérale). En clair, pas besoin d’avoir voler, insulter ou même agresser, un simple demandeur d’asile peut se voir priver de liberté dans l'attente de son renvoi de Suisse ! Loin des prisons austères auquel on peut s’imaginer, le centre de Frambois à cette particularité que les détenus peuvent aller et venir en toute liberté (de 8h à 21h), ils ne sont pas enfermés chacun dans leur cellule en attendant que leur sort soit décidé, ils bénéficient d’une grande liberté et heureusement pour eux car leur attente peut aussi bien varier de quelques semaines à quelques mois avant que la justice Suisse décide de les rapatrier dans leur pays d’origine par le biais d’un vol spécial. Fernand Melgar est parvenu à s’immiscer dans cet univers feutré, où durant plusieurs mois il a suivit le quotidien de ces hommes ayant fuient leur pays pour plus de liberté et qui au final se voient priver de celle-ci. Humain, touchant et révoltant à la fois, on en ressort attristé et la mine déconfite par tant d’injustices.
Je rejoins entièrement l'avis de Vanessa Chauvin. Autre sujet d'amertume face à la réalité en voyant le film : on n'était que 4 spectateurs dans la salle (un vendredi soir, au MK2 Beaubourg, alors qu'il y avait de longues files pour d'autres films).
A voir aussi, le site du film, et en particulier le webdoc qui a été réalisé à sa suite (et qui est encore en cours de réalisation) : http://www.volspecial.ch/fr/
Un film intelligent et sensible, où la caméra se pose avec grâce sur la dure et écoeurante réalité d'un centre de retention pour sans papier. Sans papier ou plus exactement pas avec ceux qu'il faut pour pouvoir rester dans cette chère vieille Europe, qui elle continue sans encombre de vider de ses richesses les pays du Sud ou de l'Est. Un documentaire bouleversant où la violence des mots et des maux dépassent largement celle du sang. En ressortant du film j'ai eu honte d'être française, honte que mes impôts servent à financer cette Europe là, celle dont je ne veux pas. Un très, très bon film qui mérite d'être vu et surout largement diffusé.