Enorme claque ! Le Policier est un immense premier film qui nous oblige instantanément à prendre position en même temps qu'il nous immerge dans une authentique expérience de cinéma. Il y a d'abord ce soleil radieux, ces hommes corpulents, ces claques incessantes, terribles, sur des épaules grassement huilées, presque écoeurrantes : il y a l'élite, la compétition, le meilleur des mondes possibles ; viennent ensuite quelques révolutionnaires, les idéaux mêlés aux convictions politiques, l'envie d'en vouloir aux riches, la haine in situ, c'est à dire partout, surtout ici : en Israël. Entre ces deux réalités que sont l'opulence des premières minutes et celle, beaucoup plus sombre, des préparatifs de l'attaque terroriste se trouve une scène, incongrue, comme surgie de nulle part : un groupe de punks, comme sorti d'un rêve, s'acharne violemment sur une voiture, sous le regard hébété de la jeune kamikaze. Scène hallucinante, jonction parfaite entre les deux pôles de ce film sans concessions. Si l'approche de Nadav Lapid peut à juste titre sembler caricaturale - énormément de forcing dans l'exposition des caractères, à gauche comme à droite - elle est avant tout à prendre d'où elle vient. Car peu de cinéastes indigènes sont parvenus à dresser le constat de leur pays en leur temps, surtout avec autant de sens de la mise en scène. Long métrage frontal, précis et bouleversant Le Policier réserve sont lot d'audaces filmiques et idéologiques, montrant deux pôles également développés dans leur durée mais ne pouvant empêcher le spectateur de choisir. Trêve de prosélytisme : allez voir le premier film de Nadav Lapid pour vous faire votre propre opinion. Un très grand choc, pour ma part.