Douglas Aarniokoski a commencé sa carrière en tant qu’assistant-réalisateur sur plusieurs films ("Dollman VS Demonic Toys", "Groom Service", "Une Nuit en Enfer", "Austin Powers", "The Faculty", "Spy Kids"…assez proche de Robert Rodriguez finalement) avant de se lancer derrière la caméra seul avec "Highlander : Endgame". Malgré cette première expérience catastrophique (oui, je fais partie de ceux qui pensent que ce film n’existe pas…tout comme sa suite, "Highlander : The Source" !), il retenta la chose sans plus de succès avec "Animals" avant de se faire enfin un nom avec la sympathique bobine post-apocalyptique "The Day". Aujourd’hui, Aarniokoski nous présente son quatrième film, "Nurse 3D", qui nous propose de suivre la charmante Abby Russell, l’une des meilleures infirmières du All Saints Memorial Hospital de New-York le jour, et séductrice tueuse d’hommes infidèles la nuit. Partant d’un pitch de base rappelant facilement certaines œuvres de Brian De Palma, on aurait pu s’attendre à un enchaînement de séquences gores et chocs du début à la fin ; mais Aarniokoski parvient à nous surprendre en se servant du milieu hospitalier pour ce qu’il est très souvent : une inaltérable source de fantasmes. Sans trop de subtilités, l’hôpital sert autant de parc d'attractions pour ses employés en multipliant les ébats dans les chambres, que de lieu de guérison pour ses patients ! Et les personnages masculins nous sont présentés comme forts libidineux, pervers voire carrément porté sur le harcèlement sexuel. Nous avons donc droit à une description gaudriaulesque du milieu hospitalier à l’opposé de la traditionnelle imagerie froide et clinique dont on a l’habitude. Ce paradoxe est d’ailleurs accentué par l’éclairage à la colorimétrie très, très appuyée qui n’est pas sans rappeler le travail de Dario Argento période "Suspiria" et "Inferno". Et pour contribuer à cette ambiance générale érotique, Aarniokoski a eu la bonne idée de proposer son premier rôle à Paz de la Huerta : cette actrice au magnétisme animal a déjà prouvée par le passé avec "Enter The Void" ou la série « Boardwalk Empire » qu’elle n’avait aucun problème avec la nudité (voire même qu’elle était carrément exhibitionniste !) ; et ici elle se retrouve totalement dans son élément : se dandinant allégrement à chaque fois qu’elle marche et adoptant souvent une attitude exagérément lascive, elle nous fait profiter de sa fabuleuse plastique en étant la plus affriolante possible (allant même jusqu’à draguer sa propre collègue…la référence à "Basic Instinc" n’est pas trop subtile tout de même). Malheureusement, on a l’impression que cet érotisme exagéré n’est qu’un cache-misère vis-à-vis du rythme assez lent du film et d’une intrigue faisant du sur place pendant une bonne partie du film. Oui, car "Nurse 3D" montre son vrai visage lors de ses scènes de meurtres : basculant alors dans le registre du slasher, notre amie infirmière flingue ses victimes de façons inventives et bien gores rappelant les grands classiques grand-guignolesques, dont le point culminant demeure le déchaînement final dans les soins intensifs d’une sauvagerie crasse et ultra-sanglante !! Et c’est vraiment dommage de devoir attendre la fin du film pour pouvoir enfin se régaler : une meilleure répartition de scènes gores tout du long du film le rendrait moins soporifique. Ah oui, encore une chose : contrairement à ce que le titre pouvait laisser croire, il n’y a aucune 3D dans le film et c’est bien dommage car il y aurait pu avoir matière à faire (rappelez-vous le bon boulot dans le domaine de "My Bloody Valentine 3D" !).
Bien qu’étant con comme la lune et gorgé de facilités aguicheuses, "Nurse 3D" est un divertissement érotico-horrifique sympathique proposant l’inverse de ce que la production horrifique courante nous propose sur grand écran : une bobine à la mise en scène plus que maladroite mais qui n’a pas peur d’y aller franco quand il s’agit de faire couler l’hémoglobine (aucune castration visuelle par la dictature du PG-13 ici !!) mais dont l’intérêt est parfois discutable. Rien de bien méchant, mais aussi rien de bien passionnant. Un thriller gore sexy qui se révèle donc parfait pour une bonne petite soirée dvd. Pas encore le film de la consécration pour Douglas Aarniokoski, peut-être la prochaine fois…