Peut-être que ce que je vais dire passera pour du gros préjugé, voir même un peu raciste, mais qu'importe. Pour moi Blanca Nieves, c'est un film espagnol ; je ne parle pas de sa nationalité, il l'est, mais de son style. Style qui comprend des qualités et surtout... des défauts.
Alors il me faut relativiser tout de suite, car je lui attribut tout de même un 7/10. Ce film a un premier atout incroyable, qui est le véritable intérêt du film : pour dire généralement, sa forme, et plus spécifiquement, la photographie, la lumière, la mise en scène, tout cela est fabuleux. C'est un film réellement beau et soigné, les plans sont assez ingénieux, le montage est très travaillé. D'ailleurs peut-être qu'on pourra lui reprocher un petit quelque chose de trop académique. Certains montages sont trop récurrents, trop bien exécutés; certains plans sont beaux mais pas assez naturels, "la caméra se voit trop", on sent trop la volonté du réalisateur de montrer son jolie plan plutôt qu'il soit dans le mouvement des protagonistes. Malgré tout, l'intention est fortement louable, d'autant que l'hommage aux films muets noir et blanc est réussi. Réussi car Pablo Berger a évité l'erreur classique : vouloir faire un film muet noir et blanc à l'ancienne, ce qui ne présente aucun intérêt. Non, Pablo Berger fait un film qui prend le meilleur de l'ancien temps avec aussi des techniques modernes, notamment sur les plans, et c'est tant mieux.
Alors pourquoi je suis sceptique, c'est que j'ai trouvé ce film très naïf. Ce fût ma première réaction à la sortie de la salle : c'est très espagnol, très social espagnol, très niais en sommes. C'est après réflexion que je me modère un peu, parce que j'ai tout simplement oublié que le film s’appelait Blance Neige, qu'il tire donc plus ou moins son influence des contes. Malgré tout, ce côté naïf chez les personnages m'a un peu gavé, le manichéisme est en fête, les clichés de fond et de formes sont de sorties, et l'émotion en prend un sérieux coup. Il y avait matière a faire quelque chose de très mélancolique, mais c'est tellement basique qu'on en perd tout charme possible. Pour préciser cependant, le film est en deux parties, et la première est vraiment un ramassis de clichés. Je suppose que Pablo Berger est allé chercher son script sur viedemerde.com tellement la vie de Carmencita est invraisemblable. Cette premiere partie est parfois touchante, mais longue et moins intéressante que la seconde. C'est dans la seconde qu'on s'amuse plus, avec les références à Blanche Neige, mais aussi parce que le rythme s'accélère et qu'il y a une plus grande variété dans les émotions.
Ce que j'aimerai tout de même souligner, et qui me permet de rajouter 1 point à BlancaNieves, c'est le second sujet, tout aussi primordial, abordé dans ce film : la corrida. Impossible d'aborder ce sujet sans avoir déjà une opinion, donc je vous expose clairement la mienne : j'y suis favorable, et j'ai toujours trouvé que c'était une pratique culturelle fabuleuse. Outre le fait que Pablo Berger le met très bien en scène, notamment l'introduction qui est assez magnifique, je trouve surtout qu'il lui rend hommage d'une bien belle façon. On saisit, et cela sans parole, toute l'intensité du moment, mais aussi le duel très respectable entre le toreador et le taureau, surtout le respect que le toréador a pour la bête, de même que le public. Cela devrait suffir, a mon sens, a expier tout commentaire des "anti" au sujet de la barbarie de ce spectacle, qui est en réalité une magnifique forme de respect à l'animal. Malgré tout, Pablo Berger n'est pas con : en affirmant clairement son amour pour la corrida, en plaçant son action a Seville capitale mondiale de ce spectacle, et en glorifiant les toréadors en les montrant fort sympathiques, le réalisateur espagnol à aussi clairement purger son film de tout l'aspect violent, pour ne garder que ce que tout le monde pourra trouver de beau. Tres fort par les temps qui cours, où ce genres de pratiques ne sont pas bien vues.
Je finis rapidement sur les acteurs, pas grand chose à dire car ils sont tous très sincères dans leur jeu, c'est d'ailleurs pour le coup le véritable avantage des films espagnols : s'ils sont naïfs, les acteurs ont toujours de belles expressions qui viennent du coeur. Un film simple mais beau en somme, chacun y tirera quelque chose, sur l'enfance, le rapport féminité masculinité, sur les traditions espagnols, sur les taureaux etc. A voir en étant au moins sensible à la beauté des images.
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